If you could see your soul in black and white. - Willie.

“Tu ne veux pas survivre en apné ?” & Rarement dans sa vie il s'est autant préoccupé d'un exposé. Non que l'empire napoléonien ne l'intéresse particulièrement, on pourrait même dire sur ce sujet lui en touche une sans bouger l'autre. Le seul avantage de ce sujet, c'est Willie.
On the last episode (qui était y'a dix jours), Willie s'est dit que, tient, c'était une bonne idée de venir glisser sensuellement sa main sur ses cicatrices, et que tiens ouai, c'était cool. Du coup Nolan,très con, il faut l'avouer, l'a encouragé, et ça a continué, et c'est partie en vrille, ça a fini avec des baisers étranges, intemporels un peu, et une main dans le pantalon.
Une main.
Dans le pantalon de Willie.
Il pourrait se facepalm tellement il a honte, surtout que maintenant dès qu'il le voit, il regarde son pantalon droit dans les yeux, ça n'aide que moyennement. Tout ça est très gênant, ils se sont finalement fait interrompre par sa mère, qui a toqué à la porte. Et ils auraient pu reprendre là, but you know, the moment was gone. Ce qui a donc occasionné du silence, de la gêne, de la passive agressivité, bref, que du bonheur.
Et ils doivent encore boucler Napoléon, putain.
Si bien que lorsque le prof leur dit joyeusement que la dernière heure du cours d'aujourd'hui serait consacrée au travail des exposés en binôme, il est certain que le sort s'acharne. Il est certain que Willis a continué à taffer seul en plus de ça. Si bien que lorsqu'il prend sa chaise pour venir se mettre à côté de lui, près de la fenêtre, il n'attend rien de lui. Il le regarde, Willie évite consciencieusement ses yeux. Nolan passe une main dans ses cheveux. Il balance tout de même :" Salut." Il attend un peu, et ajoute : " Du coup, t'as avancé sur l'exposé ? Napoléon t'inspires ?"

Ça fait combien de temps, Willie. Que tu ne lui as pas adressé un mot ? Combien de temps que tu l’évites. Tellement. Parce que tu ne sais pas quoi lui dire. Tu ne sais pas comment réagir. À tout ça. À ça. Ce qu’il s’était passé la dernière fois. Cette chose que tu voudrais tant oublier et qui pourtant tournait encore et encore dans ton esprit. Tu n’arrivais pas. Non. À oublier. À oublier les doigts le long de sa peau, chaude, douce et blanche. Mais le pire. Le pire…le pire te donne le rouge aux joues, te donne des rêves bouillants que tu souhaiterais effacer. Aussi. Mais, c’est impossible. Non. Tu n’y arrives pas. Alors quand le prof vous demande de vous mettre pas deux, tu ne sais pas comment réagir. Tu restes droit sur ta chaise. Les mains légèrement crispées sur le bureau. Tu as peur. Et tu ne sais même pas pourquoi.

Tu as peur. Tu es terrifié. Terrorisé. Par Nolan. Par tout ce qui est arrivé. Si vite, si fort. Par toutes ces questions qui en résultent. Tu as peur. Et tu n’oses poser ton regard sur lui. Comme s'il n’allait rien faire. Rien dire. Comme si cela suffirait à l’effacer ou à t’effacer toi-même. Mais, non. Bien sûr que ça ne marche pas. Et tu sursautes. Quand il te parle. Et tu sursautes. Regard en biais pour le regarder l’espace d’à peine une seconde. Juste pour…tu ne sais pas pourquoi faire. Parce que le regarder. Tu le trouves vraiment beau. Puis, finalement, tu viens à lui tendre simplement les papiers. Ceux que tu as écrits. Pour l’exposé. Tu n’as pas fini. Non. Mais, tu as bien avancé. En fait, tu as presque tout fait sans Nolan. Parce que tu t’étais peut-être dit que comme ça, tu n’aurais pas le revoir. Pas…

Regarder le bureau, l’éviter. Tu te sens un peu idiot. Mais, tu ne te sens pas vraiment capable. Alors, tu attends juste qu’il prenne les papiers. « J’ai presque fini. » Et c’est la vérité. Et tu sais que si le prof entend ça, il ne va pas apprécier. Mais, tu t’en fous en fait. Peut-être que comme ça, vous n’aurez plus à faire ça ensemble. Peut-être que… Mais, ton regard se glisse à nouveau vers lui. Parce que même si tu ne veux pas l’admettre. Même si tu as tout fait pour l’éviter. Tu n’as de cesse de le regarder. Silhouette au loin, tu l’as détaillé comme jamais tu ne l’avais fait. Comme jamais tu ne l’as fait. Que ce soit pour une fille. Un garçon. Garçon. Willie, tu te sens perdu. Peureux et en colère. Tu voudrais encore lui crier après. Mais, vous êtes en classe. Et il va falloir faire semblant. Non ? Semblant de travailler.

“Tu ne veux pas survivre en apné ?” & Il a l'impression d'être en apnée, soudainement. Lorsqu'il le voit, lorsqu'il l'entend. Il sont plus là, ils sont ailleurs, il a l'impression que ce sont deux animaux sauvages, qui ne parviendront jamais à communiquer. C'est faux, ils vont bien être forcés. Ils doivent. ils vont devoir présenter un truc ensemble devant la classe.
Tout ça, et Willie ne fait que regarder le bureau, l'éviter du regard, se triturer sans doute les mains sous le bureau. Il a un peu envie de le prendre entre quatre yeux et de lui foutre une baffe pour le réveiller, ou alors de lui prendre la main pour le rassurer. Ni l'un ni l'autre n'est possible, quoique la baffe passerait sans doute mieux. Ouai. Il regarde son bureau lui aussi, il veut le faire réagir. Et puis il balance qu'il a presque fini (bravo, joli travail d'équipe). Il hausse les sourcils, sans trop savoir quoi dire.
En revanche, il sait quoi faire pour le faire réagir. Il le regarde, à un moment où leurs regards osent se croiser. Il ose espérer que le temps s'arrêter un peu pour lui aussi (mais Nolan n'a pas les yeux de Willie, on se perd facilement dans ceux-la). Il prend ses cheveux, le fixe toujours, et puis, lentement, il les rassemble en un chignon mal fait, mais assez haut. Assez haut pour laisser apparaître ses cicatrices.
Evidemment qu'il en fait exprès, il veut le réveiller, peut-être le rendre mal à l'aise, il sait pas, il veut quelque chose, une réaction, de l'attention.
Ouai, il l'avouera jamais, mais il veut de l'attention.

Et c’est un peu comme si le temps s’était arrêté. Un peu comme si tu voyais tout au ralenti. Lorsque Nolan, il prend ses cheveux, lorsqu’il les glisse entre ses doigts pour les remonter là, dans le haut de sa nuque, sur le haut de sa tête. Chignon mal fait. Mais, trop bien fait quand même. Parce que Willie, t'as pas pu t’empêcher de le regarder faire de tout le long. Souhaitant même pouvoir toi aussi, passer tes mains dans ses cheveux bouclés. Sont-ils doux ? Mais, tu n’as pas le temps de te demander. Tu n’as pas le temps d’y penser qu’une autre chose de frappe au visage, au cœur. La peau ainsi dévoilée. Souvenirs brûlants qui reviennent t’assaillir. Tu sursautes un peu. Rougis violemment alors que tu ne peux t’empêcher de regarder. Regard qui glisse sur la peau. Douce et chaude comme tu t’en souviens trop bien.

Tu voudrais lui crier quelque chose. Tu voudrais y glisser tes doigts. Mais vous n’êtes pas seuls. Mais, vous êtes en classe. Pourtant, tu n’arrives pas à…. « Qu’est-ce que tu…. » Mais tu n’oses pas en dire plus. Tu as peur. Horriblement. Tu as même l’impression d’être bizarre là, au milieu des autres. À fixer le cou de Nolan. Vision fugace de toi embrassant le creux, là, juste entre le cou et l’épaule. Ton corps se met à brûler. Tu voudrais fuir. Encore. Encore.

Et ton corps se retourne brusquement, ton regard s’arrache de sa contemplation alors que tu détournes violemment le regard. Le cœur battant à tout rompre dans ta cage thoracique. Ta main s’abattant sûrement un peu trop fort sur la cuisse de Nolan. Celle planquée là, sous la table. Tu tapes, tu serres. Tes doigts brûlant sous la chaleur qu’irradie de son jean. « Arrête ça ! » Que tu lui souffles, que tu siffles avec amertume peut-être. Parce que tu ne sais pas quoi faire d’autres. Tu ne comprends pas. Plus. Tout ce qui se mélange et explose en toi.

“Tu ne veux pas survivre en apné ?” & Il maintient le eye contact, il maintient la misère affective, le cauchemar et le rêve. Il sait pas s'il s'en sort bien, il se rend pas compte qu'il devrait pas. Qu'il devrait lui foutre la paix, Willie a des soucis à régler avec lui même. Il est pas à l'aise, il a pas envie de ça. Ou si plutôt, mais il a pas envie d'avoir envie. Putain il y comprend rien, il est en train de faire de la psychologie de comptoir à deux balles. Il faut se résoudre à l'évidence : il ne connait pas Willie. Même pas un peu, il sait qu'il vient de New-York, qu'il aime désespérément les mecs, et qu'il est facilement perturbé. En témoignent ses yeux. Son regard perdu. Son envie de tout, mêlée à son envie de rien, tout s'entrechoque et vient cogner contre ses yeux sombres, qui témoignent du trouble. Il est troublé, certainement, Nolan le fixe, il en fait exprès. Il soutiendra son regard jusqu'à la fin du monde, ou l'apocalypse, l'un ou l'autre.
Nolan l'entend bafouiller, il s'en fout, il reste là, à la regarder. Il a le souffle un peu court, il s'en rend compte de son effet, de tout. Que Willie le mate vraiment. Et puis, ce dernier se détourne, comme un éclair de lucidité ou de génie, et Nolan hausse les sourcils.
La main de Willie vient s'abattre lourdement sur le genou de Nolan, qui sursaute un court instant. Qu'est-ce qu'il fout au juste ? Il siffle d'arrêter. C'est pas une demande, il l'implore carrément. Nolan peut pas s'empêcher de sourire, ça marche mieux que prévu. Il le regarde, même s'il est détourné, il se dit qu'il ne faut jamais rompre l'eye contact (qui est déjà rompu). Il vient glisser une main contre sa propre nuque, la caresse vaguement, comme pour lui rappeler un violent passé. Et il répond juste : " Non. J'fais rien d'mal."

Tu comprends rien. Vraiment rien. De ce qu’il se passe maintenant. De ce qu’il se passe dans ta tête et ton cœur tremblant. Alors que tu ne bouges pas ta main. Celle que tu as posé sur sa cuisse. Nolan. Pourtant, elle te brûle. Te rappelle sa chaleur. Sa douceur. Mais, ce n’est pas ça. Non, qui te fait sursauter. C’est plutôt sa réponse. Ces quelques mots. Ceux qui te disent qu’il ne fait rien de mal. Mal. Est-ce vraiment mal, Willie, de le vouloir ? Rouge sur tes joues, tes doigts se crispent contre sa cuisse. Ton regard se tourne à nouveau vers lui. Rapidement. Oui, juste pour apercevoir cette main dans sa nuque. Cette main que tu as déjà remplacée. Tu voudrais recommencer. Mais, n’est-ce pas bizarre ? Mal ? Tu ne sais plus. Non, tu ne sais plus rien Willie. De ce que tout ça veut dire. De ce que tout ça veut faire.

Fermer les yeux. Soupirer. Sa chaleur te brûle la paume. Tes doigts jouent un peu avec son jean. Petites arabesques sur le bout de tes doigts. Caresses plumes sur sa cuisse. Mais, vous êtes en classe. Mais, tu ne sais pas quoi faire. Faire pour arrêter. Faire pour le faire fuir. Faire pour fuir. « Tu es sûr ? » Tu es sûr que ce n’est pas mal ? Tu es sûr qu’on a le droit ? Tu es sûr ? Nolan.

Tu te mordilles les lèvres. Voudrais glisser tes doigts le long de sa joue pour chasser la mèche qui s’y est glissée. Pour la reposer là, derrière son oreille. Tu voudrais plonger dans son cou. Comme tu as pu le rêver tant de fois. Comme tu as pu le désirer tant de fois. Corps brûlant au réveil. Ton regard brûle le long de sa peau et de son visage. Tu n’oses pas te demander si vous n’avez pas l’air bizarres, là, au milieu de cette classe. Heureusement, vous êtes au dernier rang. Ta main s’agrippe à sa cuisse, remonte. Vision violence. L’embrasser, te brûler. « Tu es sûr ? » Sûr que ce n’est pas mal ? Sûr ? Comme ton regard qui vacille, envie, désir, peur, effroi, passion… Murmure dans le creux de tes lèvres, souffle court dans le creux de ta gorge. Tu n’arrives pas à savoir comment tout peut s’enflammer si vite. Si fort. « Nolan. » Souffle trop court. Tu fermes les yeux, manque de gémir. C’est impossible. Impossible. Main brûlante sur sa cuisse, ton corps s’enflamme de ce simple contact.

“Tu ne veux pas survivre en apné ?” & Ils sont plus dans la salle de classe. Ils sont dans leur monde, loin, très loin de Blackwood, qui ne veut de toute façon pas d'eux. Personne ne veut de personne dans ce monde.
Et de toute façon il n'y a qu'eux qui comptent vraiment à cet instant. Le monde entier est nul à chier, et lui il peut sourire, en regardant Willie, petit à petit qui perd les pédales. Il lui jette un coup d'oeil. Il va pas bien, il vit pas bien tout ce qu'il se passe autour d'eux. Il vit pas bien, et pourtant Nolan est certain qu'il se délecte de chaque instant en espérant que ce ne sera pas le dernier. Il en est certain parce que c'est son propre cas. Il a pas envie que la main de Willie s'enlève de sa jambe, il l'aime bien sa main, il aime ce contact, qui se transforme en une caresse étrange, aérienne, pour revenir à une main crispée. Il passe par toutes les émotions du monde Willie, sa main en est le témoin, et la cuisse de Nolan bouillonne, sans trop savoir pourquoi. Il laisse son alter égo faire, il n'est pas maître de tout ça. Il continue simplement de caresser sa propre nuque.
A un moment, il se dit que c'est étrange, que quand le prof passera, il froncera les sourcils et il demandera à Nolan si quelque chose ne va pas. Nolan s'en foutra totalement.
Oui il est sûr, il est sûr et certain. Ses cheveux, sa nuque, sa cuisse, rien de mal. Rien à changer, rien à refaire. Juste.
Willie qui prononce son prénom c'est étrange. Ca sort un peu de nulle part. Ca roule doucement dans sa bouche. C'est agréable. Il le regarde droit dans les yeux, comme pour répondre quelque chose (il sait pas quoi). Il sent sa main remonter un peu le long de sa cuisse. Il se tend, frissonne étrangement.
Y'a une tension étrange entre eux, comme liés par un intérêt commun. Par une envie étrange, mais semblable. Nolan adore cette main. Il aurait envie de se foutre à poil, d'enlever son jean pour mieux sentir. Au lieu de cela, il finit par baisser les yeux sur la table (il rompt ses propres règles). Il a l'impression d'avoir perdu et tout gagné en même temps. Son coeur bat vite.
Il réfléchit que peu, il prend la main de Willie, la fait remonter le long de sa cuisse, lentement, l'arrête entre ses jambes. Il lui jette un regard sérieux, quoiqu'un peu perdu. Déterminé aussi. Il sait pas à quoi.
Quelqu'un pourrait regarder qu'il verrait rien.

Sursaut violent. Tout se bouscule dans ta tête alors que tu regardes Nolan, alors que Nolan te regarde. C’est étrange, tellement, ce qu’il se passe entre vous. Toute cette envie, toute cette chaleur que vous n’arrivez pas à réprimer, oublier. Surtout toi. Tu n’y arrives pas non. Peut-être parce que là, quelque part, dans ton subconscient, tu sais que tu ne veux pas oublier. Et pourtant, ce n’est ni l’endroit, ni le moment Willie. Pour s’oublier.

Oublier ce qui vous entoure et ne sentir que ce qui brûle à l’intérieur de toi. Que cette main qui glisse sur la tienne, que cette brûlure qui ronge la peau de tes doigts, que ce sursaut lorsqu’elle touche. Là. Tu n’aurais pas cru. Tu…Tu jettes un regard à Nolan. Et ça te fait peur ce que tu vois en lui. Ce qu’il t’envoie en pleine face. Cette détermination…Cette….Tes doigts se crispent, ton corps sursaute. Bon Dieu. Non. Pas Dieu. Pas lui. C’est tout chaud contre ta paume. Tu appuies. Un peu. Fort, délicatement. Mouvements contre son bas-ventre. Tu n’arrives pas à croire que vous êtes là en classe que…

Soupire entre tes lèvres. Tu les mords trop fort. Le regard, regard aussi là, sous la table. Ta main contre son ventre. Tu veux t’approcher, t’accrocher. Tu veux l’embrasser, le toucher. Comme dans tes rêves. Tu as chaud. Tellement. Alors que ton propre ventre réagit. Alors que ton corps se presse contre ton jean, là, trop serré. Tes jambes bougent, ton bassin oscille. Pour chercher la caresse du tissu contre ta peau bouillante. « Il…faut… » Il faut que la sonnerie retentisse. Il faut fuir d’ici. Il faut…. Tu ne sais pas ce qu’il faut. Ta main appuie plus fort.

Et tu ne comprends pas Willie. Pourquoi ça se passe ainsi. Pourquoi Nolan fait tomber les barrières ainsi. Pourquoi tu n’arrives pas à te retenir. Pourquoi il t’attire comme un ours et son miel. Pourquoi tu as si chaud. Pourquoi.

“Tu ne veux pas survivre en apné ?” & Il adore se dire qu'il devrait pas. Que c'est pas le moment, ni le lieu, que rien de tout ce qu'ils font n'est acceptable. C'est agréable, c'est grisant de traverser les interdits, encore et encore.
En réalité, il sait pas trop pourquoi il prend sa main et il la ramène vers son entre jambe. A bien y réfléchir c'est une idée désastreuse, c'est une idée vraiment débile, arrête toi Nolan, rend lui sa main, rend lui son coeur et sa tête, rend lui tout et taffez.
On dirait que personne taffe autour d'eux.
Il ferme les yeux, juste un peu, et il se mord l'intérieur de la joue, en le sentant faire. C'est bon. C'est pas bien, mais c'est bon, y'a rien à redire. Willie s'y prend bien, comme s'il avait toujours su comment y faire. Un instant, Nolan a un flash, il se revoit, avec la queue de Willie entre ses mains, comme si c'était acceptable. Il a envie de refaire ça. Il se contente de cette main, forcée, contre ses jambes. Il contient sa respiration avec toute la force du monde, il se sent forte et démuni, impuissant et terriblement fort. Il rouvre les yeux, fixe le livre d'histoire, avec le portrait de Napoléon. Il déglutit, referme les yeux, les rouvres, et Napoléon, du haut de son cheval de guerre, le juge. Il fronce les sourcils.
Il fixe l'image. Il fixe l'empereur. Ils font rien de mal ...
Si ...
Il en peut plus, il se sent bien, il se sent mal, ça fait trop, il aurait pas du faire ça, il aurait pas du, il veut pas qu'il s'arrête et il doit. Il rouvre les yeux, sort de sa bulle. Le prof arrive, passe entre les rangs. Nolan sent une vague de paniquer monter en lui, il sent tout qui implose autour de lui, à l'intérieur, à l'extérieur, dans son ventre, dans sa tête, dans son coeur, il maîtrise plus rien, il se mord la joue, et le prof arrive.
Son coeur lui fait mal. Il se redresse debout, sa chaise part en arrière, il prend sa trousse, son cahier, range dans son sac alors que le prof l'interpelle. Il entend rien du tout, il entend vraiment rien tout est sourd. Il a chaud, il a les joues rouge, il met son sac sur son dos et sans faire gaffe au prof qui parle encore, qui le suit, il se casse, rapidement, presque en courant.

Ça s’arrête comme ça a commencé. Willie. Tu ne comprends rien. Rien parce que y a ta tête qui tourne. Parce que tu n’arrives pas à comprendre tout de suite ce qu’il vient de se passer. Parce que y a le souvenir fantôme de sa chaleur contre ta main maintenant pendante dans le vide. Willie. Tu clignes des yeux. Un peu perdu alors que tu le vois tout ranger. Il part. Est-ce que c’est de ta faute ? Est-ce que tu as fait quelque chose de mal ? Mal.

Sursaut dans ton cœur. Mal. C’était mal n’est-ce pas. N’est-ce pas ? Pourtant, tu peux pas t’empêcher de le regarder faire. Un peu comme dans un autre monde. Un peu comme si tu n’étais pas vraiment présent. Comme un fantôme ailleurs. Tu voudrais dire quelque chose. Le retenir. Mais, trop tard. La porte claque. Le prof crie. Tu sursautes encore. Alors que tous les regards se tournent vers toi. Comme si tu étais le fautif. Comme s’ils pouvaient apercevoir les derniers frissons glisser sur ta peau brûlante. Nolan. Nolan.

Et tu te redresses à ton tour. Tu n’entends plus rien. Nolan. Attraper tes affaires, les fourrager dans ton sac et partir. Partir. Peu importe le prof. Peu importe si ont appel chez toi. T’en as rien à foutre. Rien. Rien. Tu ne sais plus ce qu’il se passe. Ce qui tourne dans ta tête. Mais tu ne peux pas le laisser partir comme ça. Tu…. La porte claque dans ton dos sans que tu ne t’en rendes vraiment compte. T’es un peu comme dans un autre monde. Courir. Le trouver. « NOLAN ?! » Apercevoir son dos. Le suivre. Ne pas le perdre. Tu ne sais pas pourquoi. Non. Tu ne sais pas pourquoi il ne faut pas. Mais, non. Courir. Ne pars pas. Ne pars pas. « NOLAN ! »

Courir. Tendre le bras. L’attraper, le retenir. Ta main qui se glisse autour de son poignet. Ta poigne qui se serre peut-être trop fort. Ton souffle un peu trop court. Rapide, le cœur qui s’emballe. Adrénaline, stress. Tu comprends tellement plus rien. Tellement. Le tirer vers toi. Le retourner, le regarder. « Nolan. » As-tu ce regard aussi perdu que le sien ? Etes-vous tous les deux aussi hantés de ce qui arrive ?

“Tu ne veux pas survivre en apné ?” & Il bande encore, il sait pas pourquoi. Il sait vraiment pas pourquoi en vrai, ça devrait être fini depuis longtemps. Il sait pas, il comprends pas ni son corps, ni sa tête, il comprend rien, et soudainement, il est submergé, totalement.
Il est submergé par ce prof qui a failli voir tout ça, par l'idée étrange qu'il allait tout raconter à Napoléon (qui est mort et enterré depuis une éternité), et Napoléon, il sait pas pourquoi, il a trouvé qu'il ressemblait à son père, à sa mère, qu'il prenait la forme de tous les interdits du monde. Il va exploser parce que tout est interdit, et parce qu'il brise tout sans vergogne, qu'il devrait se calmer et arrêter d'être une honte pour lui, pour tout le monde autour de lui. Il enrage à cause de tout autour de lui, vraiment, comme si l'univers était au creux de son ventre, qu'un trou noir se formait, de plus en plus vite, entraînait les fenêtre, le carrelage, les gens autour, qui traînent dans les couloirs, et puis les portes, le lycée, tout en fait, tout s'envole violemment, sans un bruit.
Il se retourne brusquement, comme si il venait de rentrer dans un poteau. Non, c'est juste quelqu'un qui lui prend le poignet, qui le fait se retourner.
"Nolan." Il fronce les sourcils. Alors comme ça le premier de la classe se casse de classe pour aller chercher le cancre au fond du couloir. Intéressant. Tout est ralenti d'un coup, il le regarde, droit dans les yeux, puis les baisse au niveau de son entrejambe. Lui il bande plus, il en a de la chance. Il dégage sa main, amèrement. " T'sais c'est pas la peine de crier mon nom, je sais qu't'as envie que d'ça mais quand même, pas au lycée. " Sourire violemment sarcastique à l'appui. Il peut pas s'empêcher d'être chiant. Il ose pas dire, putain vraiment la manière dont tu dis mon nom, ça me fait chaud, ça me fait plaisir, ça me rend heureux et ça m'interpelle, tout en même temps. Il ose pas dire non plus que oui, il aimerait lui faire plein de trucs, tout ça juste pour qu'il crie son nom. Il se retourne, se remet à marcher, vite, très vite. Et il balance :" R'tourne en cours, j'ai pas envie d'être responsable de ton échec scolaire." Tu l'es déjà Nolan Darwin.

Et ça te claque à la gueule comme une gifle. Et encore, tu te demandes même si une gifle n’aurait pas fait moins mal. Ça te désarçonne. Tu n’oses plus bouger. Plus rien dire. Alors que tu le fixes, le regard grand ouvert, lui et son sourire à la con. Tu ne comprends plus rien. Encore moins maintenant. Pourquoi ? Pourquoi faut-il qu’il fasse ça maintenant. Tu voudrais tendre la main, lui prendre la sienne. Tendresse dans les maux. Mais non, tu restes là à le regarder. Se retourner, s’en aller. Mais veux-tu vraiment le laisser partir Willie ? Mais es-tu sûr de vouloir le retenir ? T’as l’impression que ta tête va exploser, que ton cœur va se friper. Parce qu’il t’a fait un peu mal. Là, maintenant. Parce que t’as eu l’impression d’entendre les autres. Tous ceux qui se moquent de toi. Tous ceux qui te malmènent pour la simple raison que tu n’es pas comme eux.

Le dos s’éloigne. Il s’éloigne. Et peut-être que c’est mieux ainsi. Ne plus rien se demander. Ne plus se poser de question. Mais, tu vas continuer. À le voir. Tu vas continuer à le croiser. Et tu ne pourras pas t’empêcher, t’en es certain, de vouloir regarder. Le regarder. Lui et son putain de corps attirant, son putain de beau visage. Et… Tu te mords la lèvre, tords tes mains en des poings serrés. Non non. Tu ne veux pas qu’il s’en aille. C’est de sa faute, aujourd’hui. C’est lui qui a commencé. Lui qui a mis le feu. Il ne peut pas. Il ne peut pas !

Et tu t’élances. T’en a rien à foutre des cours. De toute façon tu auras quand même une bonne note, tu le sais. Courir. Vite, pour le rattraper. Pour ne pas le laisser s’enfuir. Peut-être aussi, parce que tu n’es pas si faible. Et que…que oui, sûrement, tu voudrais crier son prénom pour d’autres raisons. Mais là, là tout de suite, y a tout qui se mélange et tu lui fonces juste dessus. Corps qui heurte un autre, tu l’envoies se projeter contre le mur qui lui fait face. Ton propre souffle se coupant en même temps. Mais, tu veux pas qu’il s’en aille, tu le pièges là, contre le mur. Regard brûlant, regard noir. Ton poing s’élève pour le frapper sur le torse. « Non ! Non ! » Et tu ne sais pas vraiment ce que tu veux dire. Une chose est sûre, tu ne dois pas lui faire bien mal, tu n’as jamais su faire ça, Willie, taper quelqu’un. « Tu pars pas ! Tu crois quoi que tu peux….que tu….Que tu peux poser ma main, là, et partir ! Non non ! » Et tu sais bien que la dernière fois, c’est toi qui as fui. Mais aujourd’hui tu veux pas. Aujourd’hui y a peut-être toute la frustration, la douleur qui s’éveille au point de ne pas vouloir te taire. Encore.

“Tu ne veux pas survivre en apnée ?” & Nolan Darwin est un sombre connard. Un connard qui ne pense à rien d'autre qu'à ses propres émotions, à son cul, à sauver sa peau. Il sait pas ce qu'il a, c'est willie qui le met dans un drôle d'état, c'est sa faute aussi. Il marche, le laisse derrière lui sans réfléchir, sans penser à son coeur qui, peut-être, se brise. Il ferme les yeux, se mord l'intérieur de la joue. Il sait pas ce qu'il fait, mais ça marche pas, ça marche ni pour lui, ni pour Jazzy. Il s'engouffre dans un couloir sombre, qui mène aux salles de science. Personne n'y va vraiment à cette heure de l'après-midi, les tp sont toujours le matin. Il s'engouffre sans réfléchir.
Il entend de nouveau des pas dans son dos, c'est encore lui qui ...
Cette fois c'est plus violent. Il le prend par le col, le plaque violemment contre un mur. Nolan ferme les yeux, une vive douleur lui transperce le dos, lui rappelle avec fureur sa chute à vélo. Il lui jette un regard noir. Y'a presque pas de lumière dans le couloir, juste une ampoule grésillante. Nolan capte ses yeux, oh il voudrait s'y noyer. Willie abat son poing sur son torse, en faisant partir toute la rage qu'il a en lui. Nolan peut ressentir sa colère d'un coup, d'un coup violent, et l'air de ses poumons s'échappe brusquement. Il baisse la tête il l'écoute déclamer, il est coincé, il est perdu, et il a mal. Mal au coeur, mal partout. En plus il se sent con. Il s'énerve beaucoup pour un type censé être calme. Nolan redresse la tête, le fixe droit dans les yeux. Il sait pas quoi dire, ni quoi faire. Alors il le fixe et dit doucement : " C'est toi qu'a mis la main sur ma cuisse. " Comme si ça allait le dédouaner. Il pose une main sur le poignet de Willie, main accrochée à son col. Et il le fixe, comme si ça allait tout arranger.

Tu secoues la tête, comme pour dire non. Là, à le tenir contre le mur, à le plaquer pour lui montrer ta colère. Mais, elle redescend vite cette colère, celle qui te fait cogner. Parce que tu ne sais pas faire ça, Willie, cogner. Même si tu es perdu, même si tu ne comprends plus rien. Même si t’as comme l’impression que les fautes son partagées. Mais, n’est-ce pas normal ? N’êtes-vous pas tous les deux dans le même bateau. Parce qu’il n’a pas tort, vraiment, c’est toi qui as mis ta main, là, sur sa cuisse. Mais…mais, ça ne voulait pas dire que…ça ne…

Le fixer, droit dans les yeux, s’y noyer. Le fixer, le détailler. Le trouver beau. Encore. Le trouver attirant. Toujours. Tu te mords la lèvre. « Non ! » Non parce que ta main était aussi innocente que son putain de chignon. Et tu voudrais tellement savoir frapper, Willie. Mais, tu te contentes de le tenir. De le plaquer, là, contre le mur. De finir par te rendre compte que tu es tout contre lui. Trop près. Ça te fait rougir. « C’est de ta faute ! De ta faute ! » Parce qu’avant tu arrivais à faire semblant. À te dire que ça allait passer. Avant de le rencontrer, t’arrivais à faire semblant. D’aimer les filles. Ton poing se resserre contre son col. Tu voudrais le retirer, pour que sa main ne te touche plus. Mais, impossible. Impossible. Vous êtes trop près.

« C’est de ta faute ! De ta faute ! » Et tu ne cries même pas Willie. Non, juste un murmure qui glisse entre tes lèvres. Mais, qui donne l’impression de résonner si fort. Tu le hais. Tellement. Fixer ses yeux. Fixer son visage. Glisser le regard sur les lèvres. Avoir un coup de chaud. Pourquoi. Pourquoi maintenant ? Pourquoi. « Je te déteste tellement. » Et tu le tires un peu plus vers toi. Tu l’attires un peu plus contre toi. Pour que tes lèvres se posent sur les siennes. Pour que ta langue se glisse dans sa bouche. Et c’est sûrement loupé, Willie. Vraiment, parce que tu y vas trop fort, trop loin. Mais t’en a rien à faire. Tout est de sa faute. Tout.

“Tu ne veux pas survivre en apnée ?” & Il l'écoute pas se plaindre, ça l'intéresse pas. Il s'en fout de l'écouter s'énerver, de dire que c'est la faute, y'a pas de fautes, ils sont tous les deux victimes et coupables. Ils se veulent, il s'en veulent, ils sont pétris d'une rage intense contre ce qui existe autour d'eux. Et cette rage sourde pour Nolan, vive et rouge pour Willie, eh bien elle passe entre eux. Comme un courant, un fil électrique.
Nolan s'en fout, il regarde juste ses lèvres bouger, il les observe, il est près, il peut profiter de toute la beauté du monde, au creux de sa bouche. Tout est très beau ou très laid à Blackwood. Les paysages sont à couper le souffle, la mentalité est à vomir. Les filles et les garçons sont beaux, les vieilles personnes sont méchantes et aigries.
Et Willie, il est beau comme un paysage. Fixer son visage, comme un paysage. Il l'a déjà fait par le passé. Avec Elvis ...
C'est le moment que choisit Willie pour plaquer sa bouche contre la sienne.

Et Nolan respire. Il respire enfin, intensément, il a envie de mourir contre ses lèvres, et de revivre contre sa bouche. Il attrape ses hanches de ses deux mains, comme pour s'agripper à quelque chose, avant de tomber. Il ferme les yeux, il subit ce baiser intense, étrange, avec sa langue qui force le passage, comme si Willie avait besoin de quelque chose. Comme s'il avait envie de tout, tout de suite. Il respire contre sa bouche, lui aussi veut sa langue, lui aussi veut tout sentir, lui aussi veut un peu tout oublier. Lui aussi veut s'énerver, alors il mord sa lèvre inférieure, la tire jusqu'à lui, attrape ses lèvres de nouveau, maladroitement, passe une main dans sa nuque, dans ses cheveux, le rapproche de lui, le colle, le tire, pour extérioriser toute la colère, toute la rage des adolescents maladroits.

Il pourrait lui enlever ses fringues là, sur le champ. Le foutre à poil dans le couloir du lycée, le couloir qui mène aux salles de TP. Il voudrait le sucer, et que Napoléon sorte de sa tombe pour regarder.

C’est un peu comme si tout éclatait comme une bulle. Comme si à l’instant où tes lèvres s’étaient glissées sur les siennes, tout s’était à la fois envolé comme renforcé. Mains brûlantes contrent tes hanches. Bouche humide contre la tienne. Tu voudrais ne plus avoir à réfléchir. De ce que tout cela veut dire. De ce que tout cela signifie. De vouloir embrasser un garçon. De vouloir le toucher tellement fort. De tout découvrir avec lui. Les joies du désir. Les joies du plaisir. Mais y a pourtant cette colère, et tu la sens encore dans tes veines. Qui vous rongent. De ne pas comprendre. Comme ce baiser maladroit et trop profond, un peu forcé. Juste un peu. Parce que Nolan, il répond. Et ça t’envoie des milliers de papillons dans le ventre. Encore plus que ses mains.

Les tiennes finissant par lâcher son col, par s’élever, s’enrouler, là, autour de ses épaules, de son cou. Doigts glissant dans le haut de sa nuque. Tu veux t’accrocher, t’approcher. Et Nolan le fait pour toi. Halètement au creux de la gorge, tu gémis lorsque la morsure envoie des milliers d’aiguilles dans ton cerveau. Comme un mantra pour dire oui oui oui. Encore. C’est bien, c’est bon. Et tes doigts jouent avec ses petits cheveux. Et ta bouche appuie un peu plus contre la sienne. Tant pis si tu l’étouffes un peu. Si tu t'étouffes un peu. Tu le veux tellement. Tellement. Que ça fait horriblement peur. Que ça crispe la poitrine et alourdit le ventre. Mais, à l’instant, tu t’en fiches. Tu sens juste sa chaleur contre la tienne. Ton corps bougeant un peu plus près. Encore.

Encore, pour avoir plus chaud. Pour avoir plus de frissons. Et tes hanches donnent un coup à l’avant. Heurtant ton ventre contre le sien. Halètement qui te fait rompre le baiser. Lèvres trop rouges. Tu les glisses contre sa joue, contre sa mâchoire. « Oh. » L’espace de quelques secondes, tu te demandes bien comment vous en êtes arrivés là. Dans ce couloir sombre à l’allure de films d’horreur.

“Tu ne veux pas survivre en apnée ?” & Il n'y a rien à ajouter, rien à dire. D'ailleurs ils ne prononcent pas la moindre parole. Ils sont dans leur propre monde, fait de sensation, de mains baladeuses, de fluide, et de désir. Il sait pas ce que c'est le désir, il découvre tout d'un coup, il est pas certain de faire ça bien. Il fait ça comme il peut, il est pas forcément très bon, surtout quand il agrippe ses hanches de toutes ses forces (mais tombe pas, encore heureux). Il voudrait se laisser glisser contre le mur, contre lui, dans ce couloir désert (il espère qu'il le sera toute la vie). Les doigts de Willie s'enroulent autour de sa nuque, ce sont ses bras qui le serrent, il en peut plus. Il respire plus, ça sert à rien de toute manière.
Ses hanches se fracassent (c'est une vague contre un rocher) contre le corps de Nolan, le baiser est reompu, un court instant, Nolan se mord la lèvre, étouffe un gémissement. Il garde les yeux fermé, le garde contre lui, comme si, juste un bassin contre un autre, ça allait les aider. Willie glisse ses lèvres contre la joue de Nolan, sa tête part un peu en arrière, il lui offre sa nuque, comme une solution universelle à tous leurs maux. Il n'en peut plus. Il se sent bien. Il a le coeur qui bat. Il a la mains qui tremblent, le coeur qui vire et chavire. En fait non, tout son corps tremble violemment, il s'accroche encore à ses hanches, comme s'il allait tomber, parce que sa bouche, sa langue, elle vire dans sa nuque ... Il ferme les yeux... Il ferme les yeux profondément.
Il a plus la force, Willie lui aspire toute son énergie vitale, il se laisse glisser contre le mur, pour de vrai, en s'accrochant encore à Willie pour le faire descendre avec lui, pour ne pas être seul par terre. Il est assis, contre le mur, l'autre gars sur lui, il vient reprendre ses lèvres, il vient le serrer contre lui.
Il a pas peur que quelque débarque, parce que plus rien n'a d'importance.
Il n'entend même pas les pas dans le couloir, qui se rapprochent.

Y a plus rien Willie. Plus rien que sa peau et ses baisers. Plus rien que ses mains brûlantes que tu sens contre tes hanches. Plus rien que lui, que toi. Et ça suffit. Putain oui, ça suffit. Parce que y a trop de papillons qui s’envolent dans ton corps. Trop de frissons, trop de sensations. Que tu ne sais plus où aller. Que tu ne sais plus penser. Juste l’embrasser, le découvrir. Ta bouche contre sa gorge, ta langue contre sa peau. Aspirer, baiser, lécher. Tu le découvres et ça te donne chaud. Trop. Là, dans le corps, là, dans le cœur. Tu ne comprends pas et, à cet instant, Willie, tu ne veux pas comprendre.

Tu veux juste sentir encore. Envoyer des frissons dans tout ton corps comme dans le sien. Tu veux juste…. Lorsque son corps s’écroule, tu n’en es que plus heureux. Parce que toi aussi, y a tes membres qui tremblent, ton corps qui vacille. Alors, lorsque le sol finit par vous retenir. Tu te sens plus à l’aise. Plus près, encore, de sa chaleur. Tes deux jambes remontant de chaque côté de ses hanches. Baiser bienvenu. Tu glisses tes doigts contre sa nuque, une de tes mains s’aventurant un peu plus loin, un peu plus bas, glissant el long du dos. Redécouvrant cette chaleur que tu as déjà pu sentir. Jusqu’à découvrir la peau. Là, juste au-dessus du pantalon. Tes doigts s’y glissent, paume de main contre le bas de son dos.

Baiser violent. Tu te colles à lui encore plus. Encore, encore. Parce que c’est chaud, parce que t’as chaud, tes hanches ondulant contre lui. Son ventre contre le tien, sous le tien. Tu rougis, halètes et gémis. Oui. Oui Nolan. Et c’est donc sûrement normal que tu n’entendes pas non plus les pas. Sûrement. Parce que c’est trop violent, trop puissant. Parce que ça explose dans tes veines, dans ton corps. Que ça bouillonne trop fort, trop chaud. « Nolan…Nolan… » Et tes lèvres se glissent à nouveau dans son cou, jusqu’à son épaule. Jusqu’à mordiller. Tu voudrais te fondre en lui. Tu voudrais être plus près encore et encore. Parce que c’est bon. Tu n’es que sensation. Et les pas s’approchent, encore.

Le tissu épais et râpeux de sa jupe laissait une sensation désagréable sur ses cuisses à mesure qu’elle avançait dans le couloir. Elle détestait l’uniforme d’hiver. Les deux années précédentes, ça n’avait pas été un problème, et pourtant, cette année, le col roulé semblait un plus haut, le tissu un peu plus raide, la taille un peu plus serrée. Elle étouffait dans sa panoplie vert sapin et noir. Elle étouffait dans ce gymnase qui faisait raisonner des rires faux et inquiétudes insignifiantes.

L’entraînement avait été interrompu par un dysfonctionnement technique : la télévision qu’utilisait habituellement Coach Thompson pour faire visionner aux cheerleaders leur précédente performance ou leur présenter une nouvelle routine avait tout bonnement rendu l’âme. La femme avait tenté pendant quelques minutes d’allumer le poste par tous les moyens, avant de finalement annoncer l’heure du décès sans plus de cérémonie. Anticipant les prochaines paroles de sa coach - elle était douée pour trouver des solutions aux problèmes avant même qu’ils ne soit explicités, Sasha - elle s’était proposé pour aller chercher un autre téléviseur au club d’audio-visuel. Elle savait pertinemment que sa mission lui offrirait une petite dizaine de minutes loin du gymnase, et elle ne se priva pas d’en savourer chaque seconde. Débarrassés de ses pairs, ces couloirs avaient finalement quelque chose d’apaisant et de satisfaisant.

La porte de l’AV Club était fermée. Une note griffonnée indiquait que Trevor, le responsable, avait dû se rendre à l’infirmerie en urgence. Le garçon était un hypocondriaque notoire, et Sasha savait qu’elle perdrait son temps à attendre son retour. Elle avait déjà pris bien plus de temps que nécessaire pour sa mission, et savait qu’à ce moment-là, Thompson devait certainement déjà se laisser gagner par l’impatience. L’adolescente étudia mentalement les options qui s’offraient à elle et, sans tarder, pris la direction des salles de travaux pratiques, tirant sur ce col roulé qui lui grattait le cou.

Montrer les escaliers jusqu’au premier. Prendre à gauche. Puis deuxième couloir à droite. Elle connaissait chaque recoins du lycée, avançant distraitement sur le lino décoloré, sans noter les faibles bruits sourds qui semblaient se rapprocher. Son pas se faisait pressant, impatient. Elle s’apprêtait à tourner enfin à droite, dans le couloir toujours aussi sombre des salles de sciences. Alors que Sasha se faisait une note mentale d’aborder la question du remplacement des néons la prochaine fois qu’elle croiserait le principal - c’était plus fort qu’elle - deux silhouettes au pied du mur, à une dizaine de mètres, entrèrent dans son champ de vision. Instinctivement, elle se stoppa net. Elle était en train d’assister à une agression. Sans arriver à distinguer les traits des deux protagonistes, elle pouvait tout de même juger, à cette distance, de la violence qui les animait. Les silhouettes étaient secouées par des pulsions agressives, lâchant des sons qui ressemblaient à les fois à des rugissements et des gémissements. Se remémorant les vidéos sur la gestion de conflits et la communication non-violence qu’elle avait été forcée de voir pour intégrer le Conseil des Élèves, Sasha s’avança prudemment. Une silhouette dominait physiquement l’autre, mais elle n’arrivait pas à déterminer si l’une ou l’autre avait vraiment un ascendant. Soudain, le grésillement du dernier néon encore fonctionnel fit apparaitre les traits de Nolan. Elle écarquilla les yeux. La main de l’autre adolescent qui était sur lui glissait doucement dans sa nuque. Lorsqu’elle compris enfin ce qu’elle était en train de voir, elle se retourna précipitamment, faisant crisser la semelle de ses baskets sur le sol. Des années d’une éducation conservatrice et sa nature pudique l’avaient empêché de regarder cette scène une seconde de plus. Ses doigts se recroquevillèrent et ses yeux se fermèrent sous l’effet de la gêne. Le couloir était brutalement redevenu silencieux. Sasha n’osait plus se retourner, mais elle ne pouvait décemment pas rester plantée là. « Je… désolée. » Elle savait qu’elle n’avait rien à se reprocher, pourtant elle avait la désagréable sensation que c’était elle qui avait été prise sur le fait. Le choc de la surprise s’estompant, l’adolescente trouva enfin le courage de se retourner. Après une seconde d’hésitation qui paru durer une éternité et demi, Sasha se dirigea vers les portes battantes qui menaient aux laboratoires, les doigts crispés sur l’ourlet de sa jupe, en prenant soin de ne pas croiser le regard des adolescents.

“Tu ne veux pas survivre en apnée ?” & Ca fait mal, c'est violent et étrange. Il fronce les sourcils, ferme les yeux le plus fort possible, oublie tout. Il oublie Willie, il pense plus qu'à ses mains, il oublie le lycée, il sent plus que le sol froid sous ses jambes et sa main, le mur dur dans son dos. Il est plaqué, il a l'impression d'avoir laissé son libre-arbitre et sa raison ailleurs, en dehors du couloir. Sa langue dans sa nuque, c'est étrange, et ça lui fait un bien fou, c'est en dehors de toutes les sensations qu'il a déjà eues auparavant dans sa vie. Il ferme les yeux et s'accroche. S'il avait les yeux ouverts, il verrait le néon grésillant, et la pénombre, et la violence entre eux.
Il sait pas d'où elle vient cette violence, pourquoi elle émane d'eux, pourquoi ils ont l'air de souffrir en s'embrassant de toutes leur forces.
Plus tard, Nolan Darwin se posera vraiment la question. Pourquoi c'est si compliqué pour le monde entier d'embrasser un mec. Pourquoi c'est si difficile de faire face au regard des autres, pourquoi il a l'impression de n'être à l'aise nulle part à Blackwood, pourquoi tout autour de lui est violent.
En un quart de seconde tout se bouscule. La main de Willie entre ses jambes lui file des sueurs froides, pas là, pas maintenant, pas comme ça, attend attend... Attend Willie, il a envie de souffler, mais il arrive pas à parler, il lâche un gémissement étrange, mêlé d'incompréhension, de plaisir, de peur aussi.  Putain il susurres son nom, les oreilles de Nolan siffle, et y'a un crissement de basket dans le couloir.
Sa main se crispe sur la nuque de Willie. Il écarquille les yeux. Le néon ne marche pas, c'est noir, y'a une silhouette en uniforme, qui se tient, toute droite, à quelques mètres d'eux. Il n'entend plus que les acouphènes, et son coeur qui bat à toute vitesse. Il attend le néon, il attend le souffle de Willie.
En un éclair, il reconnait Sasha, et son regard effrayé.
Il ne la connait qu'avec cette expression sur le visage.
Elle se retourne, elle s'en va, Nolan pousse Willie de toutes ses forces en arrière (putain il le déteste, il le déteste de toutes ses forces), il se redresse et se met à courir vers Sasha avant même d'être revenu sur ses deux jambes. Il fonce à toute allure pour la rattraper, alors qu'elle entre dans un des laboratoires. Il lui attrape la main, les battants de la porte se referment derrière eux.
Il ne prend pas le temps d'allumer la lumière, il ne veut pas voir son expression de dégoût, d'incompréhension. Le dégoût, il connait, mais chez Sasha, ça lui ferait du mal, vraiment. Il déglutit, sa mâchoire tremble. " Putain." Il a le souffle court.
Il peut pas dire "c'est pas c'que tu crois."
Il peut pas dire "t'as rien vu."
Il peut pas dire "j'peux tout t'expliquer."
Rien ne serait vrai.

Elle était prête à accélérer le pas sans se retourner, mais sent une emprise autour de son poignet. « Putain. » La voix de Nolan, le souffle court. Elle aurait préféré qu’il ne la suive pas. Elle savait très bien jouer à faire comme si de rien n’était ; ça avait longtemps été son mode opératoire par défaut. Ils étaient à présent dans le couloir plus court et aveugle qui desservait les quatre laboratoires de sciences de Blackwood High. L’endroit était désert, les plafonniers éteints : seuls les blocs lumineux indiquant les issues de secours ainsi que les petites fenêtres découpées dans les portes battantes qu’elle venait de passer laissaient passer un peu de lumière. Cette pénombre était bienvenue : affronter Nolan sous une lumière crue et blafarde après la scène à laquelle elle venait s’assister aurait été au-dessus de ses forces. Elle se tourna prudemment vers lui, retirant son poignet plus brusquement que ce qu’elle aurait voulu.

Avant la semaine dernière, ils ne s’étaient probablement jamais adressés la parole. Pour des presque-inconnus, ils partageaient beaucoup de situations bien trop intimes, toujours entourées d’un malaise pesant. En se rappelant l’épisode sur le palier de sa maison, l’adolescente croise instinctivement les bras sur sa poitrine, sur la défensive. Elle ose enfin soutenir le regard de Nolan, qui a l’air terrorisé. Ça la prend par surprise. Elle ne l’a pas beaucoup côtoyé, certes, mais c’est la première fois qu’elle le voit aussi… affecté. Sasha réalise soudain les implications de ce qu’elle vient de voir. Elle n’avait pas tant été choquée par le fait de voir deux garçons s’embrasser que par la violence sourde qui avait émané de la scène. Plus encore que la violence : le désir impatient, la soif de l’autre. Cela n’avait rien à voir avec tout ce qu’elle avait pu vivre ou voir. Malgré toute l’énergie qu’elle met pour ne pas y penser à ce moment-là, son esprit ne peut pas s’empêcher de lui renvoyer des images de Tim, puis de ses parents.

Nolan a un regard implorant. Les deux adolescents sont immobiles dans le couloir sombre, et elle sait que l’issue de cette entrevue dépend d’elle. « Je, j’étais… » Elle regarde derrière elle, balayant du regard les portes de laboratoires, pour se donner une contenance. « Je suis juste venue récupérer une télé. » Ça sonne comme une justification qu’elle aurait donné à un professeur qui l’aurait surprise à errer dans les couloirs. Elle est consciente qu’elle n’est pas en faute, mais c’est plus fort qu’elle. Nolan ne lui doit aucune explication non plus, d’ailleurs. Elle tire à nouveau nerveusement sur sa jupe. « Tu… vous devriez faire gaffe. » Sa voix est incertaine. Elle espèce que Nolan y entendra de l’inquiétude, et pas de la menace. « Quelqu’un aurait pu vous voir. », elle ajoute, ses yeux plantés dans les siens. Heureusement pour eux, ce n’était que Sasha.

“Tu ne veux pas survivre en apnée ?” & Il fait nuit dans le couloir, les portes coupe feu se sont refermées derrière lui. Il voit pas le visage de Sasha, il entend à peine sa respiration à elle, et puis la sienne, un peu saccadée, encore tachetée de celle de Willie.
Il fait nuit dans sa tête, il réfléchit pas, il est dans l'action. Comme toujours. Mais pire que d'habitude. Pire que tout. Il se sent mal, il aurait pas du la suivre, cette Sasha qui est censée être sa copine, qui est censée être celle qu'il doit embrasser. Au lieu de ça il embrasse un peu avec fureur, avec envie, dans le couloir, un Willie totalement paumé. Y'en a pas un pour rattraper l'autre c'est fou quand même.
Et puis, ses yeux se font à l'obscurité, grâce à l'ampoule verte qui s'illumine dans un coin, et qui signifie en silence la sortie de secours. Ils ont besoin d'aide, de secours ouai, de renforst aussi. Lui ne va pas s'en sortir seul, c'est sûr et certain.
Il ne connait, au fond, pas grand chose de Sasha.
Il ne sait pas ce qu'elle fait après les cours, ni la musique qu'elle écoute. Si elle préfère les rollers ou le vélo, si elle aime marcher ou courir, si elle aime les glaces ou le gauffres, si elle préfère la télé ou les jeux vidéos. Si elle a un ex. Si elle a des frères et soeurs. Ni le prénom de ses parents (Fletchers, c'est suffisant). Il ne sait pas ce qu'elle porte comme fringue en dehors du lycée, si elle est drôle, triste, joyeuse, désespérée, courageuse ou brillante.
Si, elle est brillante, c'est à peu près tout ce qu'il sait d'elle.
Ca et ses secrets de familles terribles... Mais c'est une autre histoire.
Il écoute son excuse, la regarde toujours. Il sait pas quoi dire, il sait pas comment s'expliquer. Au final, y'a peut-être rien à dire.
Puis viens ce conseil, en soit horrible. Vous devriez faire gaffe. Il a aucune idée de quoi répondre, il sait pas comment se justifier. Il a le coeur qui bat à la chamade et ses cicatrices qui le lancent, sans raisons. Une vague de frissons le parcourent. Il siffle. " Toi tu nous as vus." Il la fixe.
Ca sonne comme un reproche. C'en est sans doute un. Il ne tente même pas de s'expliquer, il n'y a rien à dire de plus en fait. Ils étaient en train de se chauffer, dans un couloir, une idée pourrie, minable, ridicule.
Il n'a plus rien à faire ici, de toute manière, si bien qu'il balance : " J'ai toujours ton whiskey, dis moi quand... quand tu veux aller le boire."
Il la laisse se démerder avec sa télé.
En sortant dans le couloir, il n'y a plus personne, que son sac, qui trône, solitaire. Il n'y a aucune trace au sol, rien d'autre que le néant, le vide étrange, son âme qui a glissé sur le sol dégueulasse.

Il n'aurait pas du prendre un couloir abandonné.