TOPIC COMMUN ✩ blue moon rising - fundraising (tous)

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blue moon rising
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Suite au passage de la tempête Gasparo, de nombreuses infrastructures de Blackwood ont été endommagées ; à commencer par le lycée, qui a subi quelques dégâts au niveau de la toiture, causant des fuites à répétition et des inondations dans les salles de classe. Evidemment, la situation est désastreuse pour tous les habitants, et le Comité des Fêtes, associé au Conseil Municipal, au corps enseignant et à différentes organisations lycéennes, a décidé d'organiser une grande levée de fonds pour aider aux réparations. Dans toute la ville, depuis quelques jours, on voit surgir des affiches annonçant l'événement :
Blackwood High School Fundraising : Please, speakeasy !

* * *

C'est le grand jour - ou plutôt le grand soir - pour tous, adultes comme lycéens : chacun s'apprête et se prépare à ce qui s'annonce comme l'une des plus belles soirées de l'année. Le Comité n'a pas lésiné sur les moyens, et a tout mis en œuvre pour recréer l'ambiance feutrée et enfumée d'un club prohibé au cœur des années trente, dans une salle de la mairie dédiée aux célébrations de toutes sortes. Des petites tables recouvertes de velours rouge, d'épais rideaux, des chandeliers ornés ou encore un gramophone, aucun détail n'a été omis. Au son d'un petit groupe de jazz, tous se pressent, dans leurs plus beaux accoutrements : robes à franges et chapeaux en feutre sont de mise. L'argent récolté pour les entrées sera entièrement reversé à l'établissement pour financer les rénovations plus que nécessaires. Mais ce soir, tous ont décidé d'oublier ces tracas, pour se déhancher sur la piste de danse, au rythme enjoué d'un charleston endiablé. Mais attention, si l'alcool coule à flots, la prohibition reste bien réelle pour les moins de vingt-et-un ans, qui devront se méfier des chaperons s'ils ne veulent être pris en train de consommer de l'alcool et éviter ainsi un énième scandale. Faire la fête oui, mais Blackwood reste un petit village et après quelques verres, les langues se délient...

✩ Ouvert aux adultes et aux lycéens ✩
Comme d'habitude, n'hésitez pas à poster court (évitez d'excéder 300 mots) pour être réactifs ! Sachez également que vous pouvez aussi faire des topics en duo/trio/quatuor et tout ce que vous voulez, dans des topics séparés, en précisant bien l'intégration du RP à cet événement dans le titre.

C'est pratiquement sûr : c'est la première fois que Mort n'aide pas à l'organisation d'un événement au comité des fêtes. Et même il les a envoyés bouler, de manière virulente, quand ébahis de ne pas le voir se pointer de lui-même ils l'ont appelé. Peut être qu'il en est à un stade où il en veut à toute la ville de ce qui lui est arrivé. Où il s'imagine qu'ils étaient tous au courant, bande d'hypocrites en grappes qui osaient afficher un sourire par dessus leur pitié, ou leurs moqueries peut être. Alors non, aucune participation à cet événement de soulèvement de fonds, et même il s'en fout qu'une quelconque tempête soit venue secouer ses murs, il campe, Mort. Il reste assis par terre au milieu de son salon comme s'il était seul au monde en pleine nature sauvage. Un coup de vent de plus ou de moins...Il n'y a eu aucun dégât au General Store alors qu'est-ce que ça peut bien lui faire. Sous sa couette, sous l'alcool éventuel, dans le bourdon de la musique et de ses propres réflexions, on n'est protégés de toute prise de conscience de la catastrophe.
Il avait décidé de ne pas venir. Pas venir, oh non, pas aller se mêler à cette foule imbécile qui se donne bonne conscience en essayant de réunir de l'argent pour reconstruire de la merde sur des fondations de merde peintes avec de la merde. Et puis il avait décidé de se mettre à boire, ça lui nettoie les sinus en ce moment, ça crée un truc, un tourbillon à l'intérieur de la caisse de résonance de l'ancien Mort qui s'est perdu. Ca fait changer un peu d'angle. Et l'alcool étant un formidable créateur d'initiatives imprévues, Mort avait fini par se lever de sa forteresse moelleuse et voilà que sans vraiment s'en être aperçu il s'était retrouvé à la mairie, en plein milieu de la plus grande salle, ivre comme à peu près jamais. Titubant et tout le toutim.
Maintenant là tout de suite maintenant il s'en aperçoit qu'il est ivre en plein milieu d'un événement du village et que pratiquement tous autour de lui le connaissent. Que c'est probablement la honte et qu'il ne peut pas s'en défaire ni s'éclipser - le mal est fait de toute façon. Alors Mort dans sa sublime logique ivre décide de faire le plus naturel au monde : il tend la main et fait doucement glisser une bouteille sur la table dont le goulot finit par s'accrocher à ses lèvres. Il ne sait même pas quel alcool c'est ou qui vient de le saluer. Tout ça a peu d'importance.

il est de circonstances dans la vie d'une petite ville comme blackwood qui dépassent les intérêts personnels comme les opinions réfractaires. aussi maddie aurait-elle pu tenter maintes et vaines protestations jusqu'à ce que la pression familiale retombe, se dégonfle lentement pour retomber au seul niveau où elle était acceptable : inexistante, cela n'aurait aboutit à rien. tout en se préparant de gestes mornes et décousus, maddie ne pouvait s'empêcher de songer qu'elle ne verrait pas arriver à cette soirée la tête enfumée de son frère jimmy, grinçant volontiers des dents en comprenant qu'elle était encore et malgré elle de cette espèce qui doit se plier aux règles sociales, tandis que les hommes, et ce malgré leurs actes, y échappaient presque toujours. ainsi soit-il et puisque qu'une justice non pas divine mais blackwoodienne l'exigeait d'elle, maddie passait les portes de la mairie avec ses vieux parents, débonnaires, souriants, alors qu'elle avait choisi la tenue la moins visible, celle qui se fondrait dans les lumières déclinantes d'un faux speakeasy. l'ambiance l'étouffait déjà et elle sentit les agitations de son estomac lui donner une sueur froide. sans chercher à saluer la population locale, elle se glissa à petits pas vers le bar. maddie avait un rapport temporaire, souvent brusque, avec l'alcool : elle s'en engorgeait quand les émotions lui faisaient perdre pieds, quand la tempête plutôt que de se taire au dehors s'alarmait au dedans. sa main un peu tremblante se fit couler un gin qui vint aussitôt mouiller ses lèvres.

Je reviens un peu sur ce que je viens de dire : tout ça importe peu mais au bout d'un certain taux d'imbibition, l'estomac de Mort devient paradoxalement un peu exigeant. Recevoir un vin rouge bon marché très piquant en son réceptacle après un pack entier de bières belges, fortes mais douces en bouche, c'est de l'ordre du non négociable. Mais comment exactement trouver une alternative sans se faire remarquer encore plus par absolument tout le monde et condamner sa réputation à celle de poivrot infernal - ce qui pousserait probablement les habitants de Blackwood à vouloir l'aider à coups de compassion encore plus forts qu'après la révélation. Autrement dit : vomi encore plus assuré qu'avec la cuite du siècle. Comment faire ? Repérer la seule personne dont le visage ne lui est pas exactement familier, en déduire que c'est une nouvelle ou une de passage, en visite, et se servir d'elle pour obtenir quelque chose de plus doux à l'âme (et à l'estomac, donc, ne cherchons pas à faire de la poésie à tout prix). C'est au moment où son esprit fortement stratège formule cette pensée que son regard tombe sur une petite blonde ravissante et inconnue au bataillon, occupée à s'étaler consciencieusement du gin sur le bas du visage. Manifestement pas furieusement à l'aise non plus, et en possession d'un alcool plutôt sympathique. Mort s'aperçoit qu'après ses jours d'ostracisme il a un peu oublié la sociabilité. Mort le solaire, Mort l'aimé de tous parce qu'il a toujours une conversation à lancer se retrouve timide à deux mètres de cette fille qui n'a pourtant pas l'air d'en mener large. Bonsoir. Tu serais tentée par un échange stratégique ? Il lui brandit la bouteille de rouge sous le nez. En cas de timidité inopinée chez un être fondamentalement social, utiliser la douleur qui crée cette nouvelle timidité pour foncer dans le tas directement avec l'élan du type qui a oublié comment on parle aux gens parce que les gens se sont mis à le saouler. Ou alors compter sur l'alcool.

le liquide tiède n'a malheureusement pas sur les sens de maddie l'effet immédiat qu'elle escomptait. elle se figure, maddie, qu'elle tombera plus rapidement dans les pommes que les gens n'auront de temps pour la dévisager, et c'est encore ce qu'elle ferait de mieux, ça poserait les bases. on soufflerait derrière les whisky amers, on soufflerait pauvre enfant, bouleversée, voilà, je savais bien que ça finirait par retomber. elle voudrait, elle, être un soufflé, quelque chose qui monte puis qui se dégonfle d'un coup, un ballon de baudruche qu'on lancerait dans l'air et qui d'un cri strident passerait de plein à vide. elle aurait besoin d'une clope, de la bouteille, d'un shoot d'héroïne, de quelque chose qui la sorte de cette torpeur dans laquelle blackwood la plonge et l'aura toujours plongée. la tête sous l'eau, alors qu'un nouveau parfum heurte son atmosphère, qu'une ombre décide de se glisser entre elle et le monde. il prend toute la place, ce type, il absorbe jusqu'à l'air lui-même. Bonsoir. Tu serais tentée par un échange stratégique ? ce tutoiement maladroit lui siffle aux oreilles, elle le vit comme une intrusion. un rien la secoue maddie, elle s'est étiolée avec les vents de l'hiver, elle n'est plus que fragment de sa propre vie. sa main se retire vite de la bouteille qu'elle tenait encore, elle se referme contre sa poitrine, ses bras se croisent pour ne rien laisser sortir. prend.. prend la si tu veux, elle glisse sans maintenir un quelconque regard, elle n'a pas envie de jouer maddie, ça fait longtemps qu'elle ne veut qu'une longue nuit ou que de l'ennui. il est évident pourtant qu'elle le connait ce grand type gauche et irrégulier, évident qu'elle l'a vu trainer dans le coin. à force d'oublier on se souvient si bien.

“Terre totalement inconnue.” & Nolan n'avait pas envie de venir.
Seulement ça fait quelques temps que ses parents, qui ne sont pas idiots[/i], ont bien compris qu'il se tramait quelque chose avec leur cher fils estropié. Il sort à pas d'heure, il vole les clés de la maison, on dit l'avoir vu à 5 heures du mat en train de faire du vélo en caleçon et chemise, bref, le blason Darwin a besoin d'être redoré.
Certes.
Enfin lui, ce bal de charité, il s'en bat complètement les couilles. C'est qu'il a eu le choix entre, privé de sortie (quoique ça change pas grand chose à sa vie, il peut bien fuguer, au point où il en est), ou alors accompagner ses chers parents à ce gala de charité tout pété. Il a choisi la seconde option. Le but est d’apparaître comme une famille unie, avec des parents qui ont bien recadré leur fils. Certes. Il comprend le but de la manœuvre, et jusqu'ici il n'a pas vu l'intérêt de répondre à ses parents, de créer un scandale, de se rebeller. Il va supporter la soirée, et la musique à chier.
Il a récupéré un costume de son frère, en velours côtelé rouge, chemise blanche, noeud papillon noir. Il a noué ses cheveux bouclés en un chignon impeccable, pour avoir presque l'air d'avoir des cheveux normaux. Il n'a pas camouflé ses cicatrices, ses parents ont fait la moue, il s'en fou. Il entre dans la salle derrière ses parents qui, d'entrée de jeux, se dirigent vers leurs amis, et laisse le fils Darwin seul.
[/i]Relisez Darwin, la sélection naturelle.
Il se dirige vers une table recouverte d'une table blanche. Ses parents lui ont laissé de l'argent pour boire (pas de l'alcool, grand dieu non, putain il aurait besoin d'une bonne tequila là). Il commande un panaché. Un. Panaché. Putain sa soirée commence vraiment mal.
D'un oeil avisé, il se pose dans un coin de la salle des fêtes, et il observe (juge) les danseurs. Celle ci a une robe trop petite, et les franges ne lui vont pas. Celui ci a l'air con dans son costume trop grand.
Ils ont tous l'air vraiment débile à se déhancher sans raison sur la piste de danse.
Du coin de l'oeil, il voit un grand type parler à une petite blonde. Elle a l'air moyennement en forme.

Dans le coin de son oeil apparaît un jeune homme. De ce que sa vision périphérique peut percevoir, ce jeune homme est tout ce qu'il n'était pas au lycée. Clairement en train de juger les gens, plutôt à l'écart, aucune envie d'être à un événement social, bien contraire au Mort superactif toujours là partout à chaque événement social, toujours invité, toujours heureux de venir, aimé de tout le monde et surtout aimant tout le monde. Sans tristesse aucune il s'aperçoit qu'il a probablement fait le trajet inverse à celui que ce jeune homme s'apprête à emprunter. Il fut optimiste et sociable, le voilà pessimiste et misanthrope, ivre à un événement important pour la communauté de Blackwood dont il n'a plus que foutre. Il a presque envie d'aller voir le gamin, et de lui demander s'il a toujours été comme ça ou si pour lui la bascule c'est simplement faite plus tôt que pour Mort. Il est interrompu dans son élan par la jeune femme qui manque de faire tomber la précieuse bouteille de gin. Il la regarde - et la juge.
Il s'aperçoit que ce qu'il pensait simple - un échange de bouteille entre poivrots débutants raisonnables - s'avère une sacrée épreuve pour la petite blonde. Elle semble soit parfaitement traumatisée soit déjà ivre après une simple goulée de gin. Il se prendrait presque d'empathie pour elle, lui qui refuse les émotions avec passion depuis déjà quelques mois. Ca va t'as besoin d'aide quelqu'un t'a fait du mal tu veux que j'appelle ton papa et ta maman ? Ca le ferait presque rire d'être le contraire de ce qu'il était, d'être différent, d'interagir de manière différente - presque opposée - avec les autres. Jamais il n'aurait parlé à quelqu'un visiblement en détresse comme ça avant. Cruellement. Ca lui fait comme découvrir une nouvelle vie, à l'intérieur d'une autre personne. Une autre possibilité d'être au monde, et donc de découvrir les conséquences que cet être au monde déclenchent. Ce n'est pas comme s'il était à ça près.

ce qui se passe, c'est qu'elle n'était pas prête maddie. pas prête à voir quelqu'un débouler en plein dans son champ de vision et se heurter aussi bêtement à son espace vital, celui qu'elle a mécaniquement creusé autour d'elle, année après année. maddie, elle n'a pas repoussé cette ville entière jusqu'à en perdre les trois quart de ses amis pour qu'on lui colle aux basques à la moindre occasion vaguement festive. il faudrait être con -ou sacrément saoul- pour ne pas voir à quel point maddie est la personne la moins enthousiaste de la soirée. pour ne pas voir que ses yeux se sont assombris et qu'ils cherchent encore plus d'obscurité, quelque part entre le sol et le ciel. le gin remonte dans son œsophage comme une trainée amère, elle serre autour d'elle davantage ses bras maigres, on dirait un animal trainé dans le désert, décharné, ombrageux. Ca va t'as besoin d'aide quelqu'un t'a fait du mal tu veux que j'appelle ton papa et ta maman ? il lui prend, à ce grand dadet, la mine fière, le nez qui rougit à vue d'oeil. elle se sent soudainement bien stupide, si profondément bête oui, d'avoir cru venir ici incognito, d'avoir cru qu'aucun de ces gros cons ne viendrait lui rentrer dedans, une bouteille de mauvais pinard en guise d'arme à feu, portant tout haut les mots qui se chuchotaient tout bas, à longueur de journée. sa vie vient de la rattraper, à grands enjambées, cognant violemment dans des portes ouvertes, laissant dans l'air une trainée de poudre. va te faire foutre, espèce d'ivrogne, elle siffle entre ses deux dents. elle le bouscule pour partir, intentionnellement bien sûr, et pourtant persuadée qu'il ne reculera pas même de deux centimètres. maddie ne voit plus rien, pas les rires forcés, pas le souffle inquiet de sa mère dans la voiture, pas les gens qui se bourrent la gueule pour oublier leur vie minable, pas même ce gamin nonchalant qui dans un coin de la salle l'observe. son dos vient heurter violemment le mur de dehors, on dirait qu'elle veut presque se faire mal maddie, se faire mal enfin, pour que tous ici ferment finalement leur gueule pour ne faire que la plaindre. elle s'allume un clope, les dents serrées, luttant un peu pour que ses mains ne tremblent plus et attendant que la nuit s'achève.

C'est donc ça, les conséquences ? C'est flanquer un être visiblement blessé encore plus à la poubelle ? Superbe. C'est donc l'interruption de l'interaction, on n'a plus de contact avec rien, on fouille dans le vide et on tourne sur soi même. C'est ce qu'ils veulent dire quand ils disent : "tu finira seul". Ca ne lui a même pas fait vraiment du bien, d'agresser cette fille à demi. Ca a été deux secondes amusant, jusqu'au moment de la réponse. Non pas qu'elle lui ai fait mal (Mort est un roc, grand et solide), mais il a pu sentir sa bulle, son espace de sécurité être percé sous son poids à lui. Sa zone de confort à elle. Son espace vital. Et il est bien placé pour connaître la violence de la perforation. Il aurait foutu son poing dans la gueule de quiconque aurait essayé de lui faire la même chose. Manifestement, elle n'a pas eu la force d'en faire de même et a disparu parmi la foule vers le dehors.
Mais il n'a pas encore la force d'être gentil, Mort, la force de se rattraper. Ce n'est pas une attitude qu'il se donne pour le style, ou contrairement à ce que la jeune femme a pu croire par l'alcool. C'est sa cuirasse de sécurité à lui. Personne ne peut vraiment l'atteindre - et malheureusement ça ne l'empêche pas d'atteindre vraiment les autres. Il pourrait la suivre, la rejoindre dehors. Il devrait peut être - ou surement pas. Quoiqu'il en soit, il décide plutôt de suivre son premier élan et il s'avance vers le jeune homme qu'il a repéré plus tôt. Salut. Tu as une clope ? Tu serais intéressé par du gin ? Tu sais ce que ça fait toi d'être un connard ? Il n'a surtout pas envie de redescendre du peu d'ivresse qu'il a accumulé et pourtant se sent le faire. Il se sent tomber doucement, petit à petit, rejoindre le monde où tout est réel et où il y aura des marques de ce qu'on a fait le lendemain matin. Et pourtant, paradoxalement, il n'a plus envie de boire seul, surtout pas après ce qu'il vient de se passer avec la fille qu'il finira probablement par rejoindre, seul ou avec le garçon, et il a vu en Nolan quelque chose qui touche l'animal blessé en lui.

“Terre totalement inconnue.” & Avec son panaché tout pourri, il attend rien de la soirée, c'est sûr et certain.
Pourtant, en regardant devant lui, l'animation est présente. Il y a un homme, visiblement torché, qui tente de faire lourdement la conversation à une jeune fille. Une blonde avec un regard triste. Nolan fronce les sourcils, l'observe un long moment. Elle a l'air si perdu... Elle lui fait de la peine. Elle jette un regard assassin à l'homme, qu'elle finit par bousculer avant de sortir.
Il est intrigué. Elle l'intrigue, il sait pas vraiment pourquoi. Il se dit que, quitte à passer la soirée à ne rien faire, autant tenter de consoler quelqu'un. Il voudrait aller vers elle, il voudrait la serrer dans ses bras (mais sans raisons valable, sans doute pire que le gars qui l'a emmerdée).
Mais il n'a pas le temps, parce que ce mec, visiblement désoeuvré, vient vers lui. En un quart de seconde, il donne la confirmation qu'il est totalement torché et qu'il n'en a de toute manière plus rien à foutre. Nolan l'écoute attentivement. Chaque partie de sa phrase fait sens. Il est tenté de répondre un vague "mec, casse toi, va dessoûler ailleurs." Mais Nolan Darwin est tout autant intrigué par le mec que par la fille qui s'est cassée. Il le regarde droit dans les yeux, comme s'il pouvait lire une tristesse étrange, ou une ivresse violente. Il répond : " Oui pour le gin et la clope, et oui je sais. Et toi ?" Il répond méthodiquement, toujours en le fixant. Les réponses ne viendront pas de Nolan, mais de ce grand mec perdu.

Il sait bien qu'il est celui qu'il passe pour l'ivrogne de service, de la race de ceux qui l'ont gêné et qu'il a du aider à sortir avant. Autrefois : dans une autre vie. Et pourtant c'est tellement plus facile de se cacher derrière cette apparence-là plutôt que de faire face à la réalité, la vraie réalité de sa situation. L'alcool est une façade bien pratique parce qu'elle donne à tout le monde l'envie de vous envoyer chier, et personne ne va chercher plus loin. Il débouchonne le gin avec les dents (il a toujours un peu rêvé de faire ça sans trouver l'occasion de le faire, il n'a jamais été grand buveur) et prend une longue goulée. Bien sûr ça l'étouffe un peu, bien sûr il n'a pas l'habitude, mais il retient la toux, la laisse aller empoisonner l'intérieur de son corps plutôt que l'extérieur qui appartient aux gens sains et qu'il faut laisser tranquille. Il fixe Nolan et tend la bouteille d'une main, avançant l'autre pour réclamer une cigarette. Du regard il vérifie que personne ne le voit filer de l'alcool pur à un gamin. Il n'a jamais été très d'accord avec la manière dont les limitations d'âge ont été faites : si on est en âge de risquer de tuer quelqu'un en bagnole à dix huit ans pourquoi est-ce qu'on ne serait pas en âge de se saouler également ? Ce n'est pas comme si les interdictions avaient jamais empêché quiconque de faire quoi que ce soit. Je crois que je suis en train d'apprendre et je suis coincé entre me dire que ça me plaît parce que je m'en fous ou trouver ça horrible et avoir pitié de tout et tout le monde. Pourquoi être aussi sincère avec un lycéen qu'il ne connait même pas ? Parce qu'il perçoit quelque chose de plus grand que sa façade sociale en lui. Et parce qu'il n'y a pas de définition des derniers recours. Je crois qu'il va falloir qu'on sorte. D'abord parce qu'on te laissera pas fumer et boire du gin ici, ensuite parce que je n'ai pas encore tout à fait appris à être un connard. Sous entendu : il est incapable de laisser cette fille se peler les miches dehors à cause de sa propre insensibilité naissante.Mais bon toi fais bien ce que tu veux hein. Le nouveau Mort n'a aucune envie d'entrainer les autres dans sa chute avec lui. Il veut bien attaquer mais pas s'accrocher à l'autre pendant la noyade.

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