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 (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ?

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Andrea Hewitt
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Réputation : L'enfant terrible Hewitt, éternelle célibataire, minsanthrope, que l'on soupçonne de préférer les femmes.

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MessageSujet: (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ?   (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ? EmptyVen 26 Jan - 17:29

i'ts been so many years now,
will (s)he remember my old voice ?
GENERAL STORE, 5 PM.
MORT BUCHANAN + ANDREA HEWITT

La journée est banale, banale comme les journées de Blackwood peuvent l'être. Dans son bureau au commissariat, Andrea tape un rapport à la machine, au son d'un morceau folk diffusé sur un vieux poste de radio grésillant. Dehors, le soleil qui s'était fait rare, ces jours-ci, tombe peu à peu. Il baigne la pièce de cette lumière jaune des fin de froides après-midis d'hiver, et Andrea décide d'en profiter pour allumer une cigarette. Elle fouille dans une poche, puis l'autre. La clé de son bonheur nicotiné ne se trouve dans aucunes des deux, si bien qu'elle se met à vider son sac frénétiquement sur son bureau, éparpillant les objets à la recherche du paquet de clopes perdu. Tout ce qu'elle trouve au fond de son sac, c'est un carton Marlboro éclaté, vidé de ses précieux trésors.

Et merde.

Andrea pousse un son, à mi-chemin entre le râle et le grognement, alors qu'elle attrape vivement son porte-feuille gisant toujours sur la table devant elle. Elle se lève en repoussant sa chaise grinçant au sol - si une chose est sûre, c'est bien que la délicatesse n'a jamais été son fort - et ouvre la porte en un geste dramatique et grandiose. Passant devant la secrétaire des lieux, elle se contente d'un laconique « je reviens, » avant de poursuivre sa route, d'un pas empressé. Dans le hall résonne encore la musique retentissant de son bureau, toutes portes ouvertes. Après moi le déluge.
Direction le supermarché, à quelques maisons seulement du commissariat. Elle envisage un instant de prendre la voiture de service pour parcourir les trois-cent mètres qui l'en séparent, mais décide finalement de choisir la voie de la raison et d'utiliser ses pieds. Elle n'en a pas pour cinq minutes, qu'elle arrive devant le magasin du centre-ville. Elle en franchit les portes et machinalement, se laisse guider par son corps vers le rayon qu'elle convoite. Andy étudie l'étalage, scrutant désespérément les différents paquets, à la recherche de sa marque fétiche aux abonnés absents.

« Excusez-moi. Les Marlboro ? »
« Oh, j'ai vendu les dernières à l'instant, on est en rupture de stock. Je peux vous donner autre chose ? Sinon, il faudra revenir demain. » lui répond nonchalamment la lycéenne aux allures de vamp qui tient le rayon tabac. Andrea soupire profondément. A croire qu'aujourd'hui, tout Blackwood s'est donné le mot pour la rendre folle.

« C'est pas croyable, putain. C'est une blague. Appelez-moi votre responsable, s'il vous plaît. » La demi-mesure, ça n'a jamais été son truc, à Andrea. Encore moins un vendredi soir, en manque de clopes. L'adolescente lui fait un signe du regard, l'invitant à se retourner. Et comme si cette fin de journée n'était pas assez difficile, la voilà nez-à-nez avec Mort Buchanan. Morty, ce même Morty qui a nourri ses fantasmes d'adolescente en pleine puberté, et dont elle a toujours cherché l'estime et l'affection. Elle pose ses yeux sur lui et sa carrure lui barrant toute issue, et se tait instantanément. Ils se croisent régulièrement, mais jamais aussi frontalement, et jamais dans un tel contexte. Il reste avant tout l'ami de Dallas, et tous deux n'ont jamais été proches au point d'échanger autre chose qu'un sourire aimable en se croisant.

« Oh, hmm. Salut, Morty. » qu'elle arrive à peine à bégayer, instantanément honteuse de son attitude, comme une gamine prise sur le vif en train de commettre un méfait. « Je... j'ai besoin d'une cigarette. » elle affirme, comme une excuse auprès de lui, mais aussi pour elle-même, comme une manière de digérer cette rencontre imprévue et surtout, non-sollicitée. Une bonne chose tout de même : la situation ne peut, au vu de son état actuel, que difficilement empirer.

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Mort Buchanan
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MessageSujet: Re: (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ?   (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ? EmptyLun 29 Jan - 15:19

il est décrété qu'à partir de cet instant l'homme n'aura plus besoin de douter de rien
que l'homme aura confiance en l'homme
comme le palmier se confie au vent
une seule chose reste interdite : aimer sans amour.


Journée de merde au General Store.

Depuis que Mort sait qu'il n'est pas officiellement un Buchanan, en fait, toutes les journées au General Store sont des journées de merde. Est-ce que William Buchanan, en précisant dans son testament que le magasin revenait entièrement à uniquement à Joe, était complètement ivre et défoncé à toutes les sortes de champignon possibles ? Parce que Joe, depuis que le vieux est mort, a à peine mis un pied sur les lieux. Alors d'accord, Marty donne des coups de main, Suzie aussi, les enfants, ouais, mais Joe, non. On dirait qu'il fait partie de cette race d'homme qui fait des enfants pour les exploiter et se la couler douce ensuite. Cette race d'homme qui a un "frère" quand ça l'arrange. Ca a un côté un peu sublime d'être tellement enfermé dans sa routine qu'on ne songe même plus qu'on est capable de prendre les armes, quelles qu'elles soient, et de faire la révolution. Mort ne songe même plus qu'il est capable de faire la révolution, de prendre ses cliques et ses clacs et de se barrer de Blackwood comme il a toujours rêvé de le faire. Que ce serait justement maintenant, le moment. Que ce serait drôle de revenir déguisé, très shakespearien, pour observer comment Joe s'en sort avec les clefs du pouvoir (...) entre les mains. Fera-t-il le bien ou le mal ? Mais de quoi est-ce que je parle, ça ne veut rien dire, le bien et le mal. La question est beaucoup plus simple que ça : se pointera-t-il au poste tous les matins ? Et c'est tout. Pour Joe Buchanan, ce serait déjà une grande preuve de responsabilité.
Plus le temps passe, plus la mort du père et l'effet papillon qu'elle a provoqué pèse sur Mort, plus il ressent la plaie amère du fait qu'il ai dû très tôt vendre sa vie et ses rêves, apprendre la responsabilité à coups de massue, simplement parce que Joe s'était barré. Simplement par la faute de Joe. Sans Joe, ou plutôt sans la lâche fuite de Joe, il aurait peut être défoncé toutes les montagnes jusqu'au bout du monde. Il n'y a d'ailleurs même plus de peut être à écrire. Il aurait.
Mais voilà qu'à la place : journée de merde au General Store. Encore.
Répondre à des réclamations de merde de gros connards qui jusqu'à présent étaient ses sympathiques voisins ou collègue de comité, de grosses malades qui étaient autrefois les mères des amis de Suzie ou Marty qu'il saluait gaiement en allant les chercher à l'école. En l'espace de quelques mois, tout le monde est devenu un connard harpie imbuvable hystérique cliché autour de Mort. Ou alors c'est totalement dans l'autre sens que ça se passe ce qui rend les gens normaux insupportable à Mort nouvellement connard harpie imbuvable hystérique cliché, c'est possible, mais à ce stade là lui s'en fout bien fort de savoir comment ça se passe l'essentiel c'est que c'est juste chiant, et que tout le monde est un con.

Du coup, quand Jenny, la remplaçante occasionnelle de Suzie, fait vibrer et clignoter le petit bouton qui l'appelle lui de la réception à son bureau - bouton qu'elle n'est sensée actionner que quand elle est face à une situation qu'elle ne se sent pas de gérer, Mort se dit ok, y'en a un qui se pointe en chair et en os, je vais me faire un bon gros plaisir et le défoncer en direct live, ça conclura ma journée un peu mieux qu'elle n'a commencé et ça fera payer quelqu'un pour les 512 autres salauds qui m'ont pourri non stop depuis ce matin, 6h. Il se précipite donc hors de son fauteuil, se prend même le pied de la table dans le tibias droit pour marquer le coup, et arrive à la caisse en moins de temps qu'il n'en faut pour former une phrase grammaticalement correcte (ce qui ne m'arrive personnellement pas tous les jours, vivons un peu en dehors des règles messieurs dames). Mais évidemment voilà que ce n'est pas un être humain neutre à qui il pourrait balancer tout et n'importe quoi qui se tient là. C'est Andrea, petite soeur de Dallas, ami d'enfance, absolument intouchable sauf s'il veut recevoir un coup de fil chiant de Dallas se déroulant à peu près comme ça : hé Mort d'où tu agresses ma petite soeur ça va pas ? écoute voilà je te l'ai proposé plusieurs fois et je sais que tu ne veux pas mais je suis sur que ça te ferait du bien, je suis prêt à prendre du temps pour parler de ce qui t'arrive, tu devrais pas avoir à traverser tout ça seul BLABLABLABLABLAMOUFLESTRALALAVIDETSOINTSOIN. Oui parce que même les potes proches de Mort se sont transformés en cons. Ils ont l'idée fixe qu'il faut absolument luiparlerpourluifairedubien. Mort n'a même plus les capacités d'empathie pour trouver ça mignon. Donc, non, il ne peut pas agresser Andrea; ne serait-ce que pour éviter d'avoir Dallas sur le dos.

Hé ben salut Andy. Ben quoi, elle utilise son surnom ridicule pour aucune raison en particulier, il a bien le droit de lui rendre la pareille. Je ne sais pas quoi te dire y'en a pleins là des clopes tu veux un truc en particulier pour que ce soit si compliqué comme échange ? Elle veut des Malboro on n'en a plus. Boude la jeune vamp derrière le comptoir, comme pour se justifier de ne pas l'avoir appelé pour rien.  Ah oui en effet c'est ennuyeux bon viens dans l'arrière boutique il doit y avoir des cartouches dans la livraison qu'on n'a pas encore déballée.
Pour n'importe quel autre client il aurait probablement fait remarquer que n'importe quelle autre cigarette fonctionne, qu'au final elles ont tous le même goût et que c'est simplement l'effet placebo de l'esthétique de la marque étalée sur le paquet qui donne l'impression du contraire. Mais il puisse dans les yeux de celle qu'il a connue toute gamine la force de trouver la patience petit à petit d'interagir avec l'exigeant humain. Il enclenche le pas vers son bureau, suivi par la petite (oui elle n'est plus petit mais comment penser à elle autrement).  Ca va depuis le temps ? Flic et tout ? D'où lui vient cette nonchalance si peu habituelle ? Oui, on a depuis quelques mois affaire à un Mort un peu vidé de sa substance de croisière.
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MessageSujet: Re: (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ?   (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ? EmptyDim 4 Fév - 16:58

Il est là, Mort Buchanan, celui dont elle a tant rêvé, si souvent, alors qu'elle n'était encore qu'une jeune adolescente. Elle a bien changé, l'adjointe du shérif, en une dizaine d'années écoulées depuis cette période de sa vie. Et pourtant, face à ce grand corps, et ce visage qui a nourri tant de ses pensées. Instantanément, elle ne se sent pas bien différente de l'Andrea d'alors, celle qui jouait les rebelles au lycée pour emmerder les parents et attirer l'attention sur elle, plutôt que sur la parfaite petite Jolene et l'indépendant Dallas et sa bande de copains. Parmi eux, il y a Mort, évidemment. Honteuse, elle l'est bien sûr, quand il pose sur elle un regard qu'elle identifie comme mi-amical mi-désappointé ; comme si il était déçu que la cliente pénible venant gâcher la fin d'après-midi soit en réalité Andrea Hewitt. C'est plus qu'un soupçon de culpabilité qui s'empare d'elle, mais que son ego omniprésent ne peut reconnaître comme tel.

« Je ne sais pas quoi te dire y'en a pleins là des clopes tu veux un truc en particulier pour que ce soit si compliqué comme échange ? » Il dit, et elle s'apprête à répondre que non, c'est bon, tout va bien et qu'elle peut partir, mais la vamp à la moue boudeuse répond à sa place, ne cachant son mépris d'aucune façon. Mort continue et l'invite à le suivre dans l'arrière-boutique ; elle apprécie qu'il ne l'envoie pas voir ailleurs, comme elle l'aurait fait avec n'importe qui dans l'exacte même situation. Alors Andy le suit, s'apprêtant à pénétrer dans les entrailles du magasin. « C'est cool... Merci. » Elle répond maladroitement, ne sachant pas vraiment que dire, ni ce qu'elle fait là, maintenant qu'elle y est : comment s'est-elle mise dans une pareille situation de malaise ? Elle garde le silence, mais Mort vient bien vite le rompre, en balançant nonchalamment : « Ca va depuis le temps ? Flic et tout ? »

Elle ne sait pas bien quoi répondre. A vrai dire, si elle s'écoutait, elle lui balancerait tout ce qui la tracasse, la chagrine, l'empêche de respirer. La mort de son père, le poste de shérif qui lui est passé sous le nez, les rapports compliqués avec Jolene, avec sa mère et avec le reste du monde aussi. Mais ils ne sont pas amis, il est encore moins son psy, alors elle se contente des politesses qui lui semblent de rigueur dans ce genre de situations. « Ben, hmm, ça va. Rien à signaler, je crois... Ce bon vieux Blackwood qui ne change pas. Toujours adjointe, je bosse avec le nouveau shérif là, Boyd Desmond... Un type pas désagréable. Et puis toujours en manque de nicotine, comme tu l'as constaté. Désolée pour la scène dans le magasin. » Elle dit d'un air un peu blasé, pas franchement à l'aise avec les normes sociales, encore moins en compagnie de cet individu. Ils se sont rarement retrouvés tous les deux, seulement tous les deux, dans la même pièce. C'est peut-être même la première fois, et sincèrement, Andy n'aurait jamais pensé que ça se déroulerait comme ça ; en fait, elle n'y avait jamais vraiment pensé, tout court, depuis plus de dix ans maintenant. « Et toi, quoi de neuf ? Ça fait un bail que je t'ai pas vu avec Dallas. Tu gères le magasin maintenant si j'ai bien compris ? »
Jouer aux adultes, ça n'a jamais vraiment été la grande passion d'Andrea. Et là, dans cette conversation avec Mort, elle se sent coincée, coincée dans un rôle qu'elle ne comprend pas vraiment. Celui de la petite sœur qui a grandi, mais pas vraiment non plus.
Elle lui lance un sourire sincère, dissimulation ultime du malaise grandissant en elle que génère la situation.
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Mort Buchanan
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MessageSujet: Re: (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ?   (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ? EmptyVen 9 Fév - 14:38

C'est marrant, il se dit "c'est marrant", Mort, parce qu'Andrea a l'air sous ses airs de boudeuse d'être heureuse de le voir. C'est marrant tiens qu'elle soit heureuse de me voir, se dit-il. Et puis en se disant ça il se dit aussi mais tiens c'est marrant, tiens c'est marrant, moi aussi ça me fait plaisir de la voir. Comme si soudainement elle représentait un bout d'enfance puis d'adolescence perdues. Comme un souvenir qui soudainement se ramène et réchauffe le coeur sans qu'on s'y soit attendu, un détail qui a bien plus d'importance qu'une parole qui se veut consolatrice, qu'un geste d'aide volontaire. Il ne la connaît pas vraiment, cette fille, mais elle est en arrière plan de tellement de souvenirs d'insouciance que ça le brûle délicieusement, presque douloureusement. Comme une espèce de sensation de retourner à la maison - le concept de maison, pas le bâtiment qu'il a perdu et qui ne lui dirait probablement pas grand chose s'il y retournait, surtout pas depuis la mort de William. La nostalgie est un grand panseur de blessures dans la mesure où elle permet de tellement s'abimer dans le souvenir du passé qu'on en oublie absolument le présent. Il marche dans les allées du magasin, Andrea à ses talons, mais c'est dans les couloirs de la maison Hewitt qu'il se promène vraiment, se rappelant chaque bibelot sur chaque étagère, chaque conneries accrochées au mur, la forme que prenaient les aimants sur le frigidaire et qu'ils ont passé tant de temps à modifier pour créer des figures obscènes avec Dallas. Cette allée de surgelés c'est la chambre de Dallas où ils ont fumé leurs premières clopes à la fenêtre. L'allée des conserves, la cuisine où ils se sont baffrés le plus discrètement possible à des heures impossibles durant leurs premières foncedales, et le rayon bouffe pour animaux le jardin où ils perçaient des trous dans le tuyau d'arrosage comme des débiles pour ensuite mieux asperger Andrea et Jolene par surprise, et leurs cris qui au fil du temps étaient passés de cris d'enfants à cris de jeunes femmes, et leurs formes qui s'étaient développés sous leurs vêtements qui une fois mouillés troublèrent de plus en plus Mort.

Il se marre presque quand il arrive devant la porte de son bureau. Ce voyage en pays de Nostalgie, ôtant toute valeur au présent, lui a fait du bien et a presque ôté l'air renfrogné qui loge dans ses sourcils depuis quelques mois. Il se tourne vers Andrea pour la faire entrer et la regarde presque surpris qu'elle soit là et qu'elle soit maintenant tout à fait femme. Comme s'il y avait eu un bug dans le temps et qu'il se retrouvait ado devant cette femme faite, pleine de responsabilités. Jamais de la vie l'ado Mort n'aurait su quoi en faire, d'Andrea adulte. Mort l'adulte pas tellement non plus, d'ailleurs. Le présent lui revient par vagues, il se rappelle de ses dernières discussions avec Dallas, c'est-à-dire les dernières discussions avant que lui aussi ne se mette à être un ami compatissant tentant absolument de consoler un truc que Mort n'a pas envie qu'on console et qu'il se mette...ouais qu'il se mette tout simplement à lui casser les couilles, pardon my French. Il se rappelle qu'au-delà d'un passé commun ils partagent autre chose avec la petite devenue grande. Elle aussi, elle s'est faite lésée par son père - il pense "lésée" pour être poli. T'étais supposée être shérif toi, non ? Ton père a aussi laissé un testament traite ou c'est juste que la mairie de Blackwood s'est dit oh non une femme au pouvoir de la justice quelle hérésie ? Il fait le cabotin, Mort, depuis qu'il n'est plus Buchanan. Il a sombré dans une forme d'ironie noire de la vie qui fait que jouer des rôles quand il parle lui fait du bien. En faire des caisses, comme ça la petitesse de la vie est rangée dans un coin de tiroir, la grandiloquence balaye tout sous le tapis. Oui, bon, il se retrouve à évoquer les sujets qui fâchent quand lui-même déteste profondément qu'on le fasse et méprise chaque personne qui se sent obligé de parler de l'éléphant au beau milieu de la pièce. L'âme humaine est ainsi faite qu'elle se venge sur ses semblables sans même l'avoir voulu, de façon insidieuse et lâche - par facilité de conversation, en l'occurence.

Il fouille dans les cartons qui envahissent son bureau - on n'y met que les cartons contenant des denrées et produits secs, il y a un semblant d'organisation depuis que Mort a pris la relève de Joe et William. Il n'essaye même pas de se donner une contenance puisqu'il ne s'aperçoit même pas de sa vengeance médiocre sur le monde qui a choisi le biais d'Andrea pour s'exprimer. Il n'a absolument pas cherché à blesser Andrea, il ne la connait pas, elle fait assez partie de son paysage passé pour qu'il n'ai aucune envie de lui faire du mal mais c'est à peu près tout. Tiiiens voilà. Tu veux quoi, une cartouche ? Il brandit l'arme du crime comme si c'était le drapeau de son équipe de foot. Je te la file en vrai. Ca me fait plaisir d'entretenir ton cancer en souvenir du bon vieux temps. Et puis Joe est forcé et contraint par un contrat à faire les comptes en fin de mois, c'est la seule chose qu'il daigne accomplir (en râlant profondément bien sûr), donc s'il peut un peu foutre le bordel dans les chiffres ça lui va très bien. On en fume une. il intime comme une sorte de provocation adolescente au silence de la pièce dont il est le seul habitant. Il déchire le carton de ses longs doigts, dégage un paquet mou. Il a toujours eu une fascination pour les gestes spécifiques du vrai fumeur. Celui qui ouvre un bout du paquet, le tape sur son genou ou d'une pichenette pour faire sortir le haut du filtre avant de l'attraper délicatement entre ses dents et d'allumer l'extrémité en allumant une allumette d'un geste virtuose. Lui, plus balourd, moins habitué, déchire tout le haut du paquet, farfouille des doigts pour essayer d'en débloquer une, serrées qu'elles sont entre elles, puis la loge entre ses lèvres et frotte maladroitement la gâchette d'un briquet qui nageait au fond du carton. Moins de finesse, même résultat. Il tend tout l'attirail du petit fumeur à Andrea, espérant secrètement observer chez elle la danse de l'habitué, et se met en tailleur là où il est par terre, comme s'il avait oublié d'avoir trente sept ans correctement.
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MessageSujet: Re: (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ?   (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ? EmptyDim 11 Fév - 17:45

Ils arrivent dans son bureau et là, il prononce les mots qu'elle aurait préféré ne jamais entendre, les mots qui brûlent, qui ravivent cette blessure profonde et pas franchement pansée. Quand il évoque son père et son hypothétique statut de shérif - vraisemblablement destiné à ne rester qu'une hypothèse pour encore des années - il ne se rend pas compte de ce qui éclate au visage d'Andrea. La bulle de nostalgie dans laquelle ils se sont plongés, faite de réminiscences de jours d'innocence, plus heureux, fluides et aquatiques comme peuvent l'être les souvenirs, elle explose. Ca saute aux yeux d'Andrea, comme ça, soudain, qu'ils ne se connaissent pas, après tout. Ils ne se connaissent plus c'est certain, et se sont-ils seulement déjà connus ? Les images qu'ils ont l'un de l'autre sont bien différentes, et Mort ne sait rien de l'impair qu'il vient de commettre auprès d'Andrea, qui n'est certainement pas grand chose d'autre dans son esprit que la petite sœur de Dallas, celle qui leur collait aux basques. Il ne sait pas non plus comme ça lui fait mal de l'entendre parler de son père, tant leurs expériences de ce même vécu qu'est la perte du repère paternel sont diamétralement opposées.

Alors elle se tait un moment et range sa moue boudeuse, parce qu'elle sait qu'il ne veut pas lui faire de mal en disant ça. Elle hoche la tête, signe d'acquiescement.
« Si, si c'est ce que je pensais. Mais le nouveau shérif est très bien. » Ca lui écorche la bouche, elle s'arrache ces mots des lèvres comme sous la contrainte, tentant de faire bonne figure face à Mort qui n'est, finalement, ni plus ni moins qu'un inconnu. Elle ne s'attarde pas sur la question, et conclut, laconique : « C'est la vie, j'imagine. » c'est la réponse la plus nulle qu'il lui ait été donné de prononcer depuis bien longtemps. Andrea feint l'indifférence, et elle le fait mal. Elle ne veut plus en parler, elle aimerait sauter de nouveau dans la bulle de leur mémoire partagée, teintant de rose les images du passé.

Il plonge dans un carton, en ressort avec une cartouche de Marlboro. Andrea avait presque oublié les cigarettes, perdue dans les méandres de ses pensées, mais salue la trouvaille. Le retour à la réalité est appréciable, l'extirpant à ses considérations bien peu réjouissantes.
Elle rit à sa plaisanterie, et accepte la cartouche de cigarettes de bonne grâce.
« Hé bien, mon cancer te remercie! » lâche-t-elle avec un sourire qui la surprend elle-même.

Il s'assoit en tailleur, comme un enfant, et alors Andrea l'imite. Elle ne s'était pas assise comme ça depuis des années : ce passage au General Store est une vraie régression, contre laquelle elle ne proteste pas, baignée de pensées plus douces que celles nourries auparavant.
« On en fume une. » intime Mort, à mi-chemin entre invitation et incitation, comme un adolescent la mettant au défi. Ça fait bien longtemps qu'elle n'a plus les mains qui tremblent en s'allumant une cigarette, Andrea. C'est désormais un geste quotidien, reproduit une dizaine de fois par jour a minima : le temps a fait d'elle une grande fumeuse. D'abord pour contrarier les parents et imiter Dallas, elle a vite pris le pli de la clope, de celle que l'on allume le matin avant déjeuner, à la dernière précédent le coucher. Aujourd'hui, elle est sans conteste la plus grande fumeuse du clan Hewitt, reprenant en cela la place de leur paternel ; elle saisit bien l'ironie de cette pensée, car ce n'est pas celle-là qu'elle convoitait le plus, et c'est pourtant la seule qu'elle a obtenu.
Andrea attrape une cigarette et l'allume, d'un geste sans hésitation, plein de la rigueur des habitudes. Elle sent la fumée l'envahir, son salut, enfin, l'objet de sa visite.


« Ca fait beaucoup trop de bien pour être sain, » déclare-t-elle après quelques taffes, tout en ne sachant pas si elle parle de la clope qu'elle tient présentement du bout des doigts, ou de ce bond dans un semblant de passé commun qu'ils sont en train de faire ensemble.
« Tu te rappelles quand vous fumiez à la fenêtre la nuit avec Dallas ? Je crois que c'est ça qui m'a donné envie de fumer. Je trouvais ça super classe. » Andrea rigole et lui sourit, elle les revoit tous les deux, la fumée de leurs clopes s'éclairant sous les rayons de lune, leurs visages illuminés par les allumettes qu'ils cramaient unes à unes.
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MessageSujet: Re: (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ?   (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ? EmptyDim 25 Fév - 23:15

Pourquoi les gens se mettent dans des situations où ils se sentent obligés de donner des réponses toutes faites ? Pourquoi les gens se sentent obligés, dans ce genre de situations, de donner des réponses toutes faites ? Est-ce que la politesse aussi est une chose mauvaise pour la santé, à consommer avec modération pour ne pas risquer de vivre comme des automates qui traversent la vie sans oser offrir un peu de sincérité au monde ? Peut être que les gens donnent des réponses toutes faites pour gagner du temps. Quand on répond ça va et toi plutôt que ça ne va pas du tout là on peut directement passer à autre chose avancer dans la situation plutôt que se retrouver à devoir raconter son mal être pendant des plombes, trouver les mots qui lui correspondent exactement. Et bien sûr, c'est une manière de se protéger - Mort lui même a beaucoup eu recours à ces automatismes-là, ces derniers temps. Ca va, ça va, la vie tranquille quoi. Pas C'est l'horreur j'ai l'impression qu'on m'a coupé en deux et enlevé les racines j'ai l'impression qu'il faut que je reconstruise tout mais je crois que je n'ai pas la force de tout reconstruire et ça me tue de me réaliser aussi faible. Ca fait moins de mots. Ca ne nécessite pas de discussion pour régler le problème. Et surtout, ça ne gêne pas l'interlocuteur. Ne pas gêner quelqu'un avec ses tourments, faire le moins de bruit possible pour n'importuner personne, ok, ça, Mort comprend, trouve ça humain humble et beau. Y'avait une chanson française qu'Ollie écoutait souvent comme ça, qu'elle lui avait traduite un jour qu'il ne lui avait pas encore refusé l'autorisation de l'aimer. Ca disait : "j'aime les gens qui doutent (...) ceux qui avec leurs chaînes pour pas que ça nous gêne font un bruit de grelots". N'empêche que, du peu qu'il connaît Andrea, ça lui fait mal à l'intérieur de lui-même de l'entendre s'aplatir, donner une réponse politiquement correcte et lisse, elle qu'il connaît impétueuse et superbe ne serait-ce que dans des détails ridicules de type obtenir un paquet de cigarette. Ca lui fait de la peine, de voir la vie et la convenance sociale transformer la magie d'Andrea en procédure.

Il tire une longue bouffée de sa cigarette en l'observant allumer la sienne machinalement, comme d'autres enfilent leurs sous vêtements mal réveillés le matin. Il a l'inexplicable envie de lui dire Andrea il faut que tu retrouves ta lumière maintenant ou un truc comme ça mais qui est-il pour lui dire un truc pareil, il la connait à peine, elle le connait à peine, dire un truc pareil quand on est le copain du grand frère c'est d'un paternalisme à vomir qu'il ne se sent pas capable de transformer en geste poétique. Il ne prend néanmoins pas la peine de répondre à cette histoire de shérif. Il se rend bien compte que c'est aussi sa faute, qu'il n'avait qu'à pas frapper là où ça fait mal, mais il se rend également compte qu'une partie de lui aurait aimé qu'elle explose, qu'il explose, qu'ils explosent et que quelque chose se rétablisse dans l'équilibre du monde. C'est étrange, une petite soeur d'ami. On a l'impression de la connaitre extrêmement bien vu le nombre de souvenirs partagés et il faut absolument ne pas s'y tromper.
C'est comme si son bureau se transformait doucement en la chambre de Dallas, comme s'ils réparaient le passé en prenant le temps de s'y poser pour se parler vraiment ou en tout cas pour partager un vrai moment. Et c'est précisément une réparation qu'ils ne peuvent faire que maintenant, grandis, pas seulement parce que Dallas aurait hurlé s'ils avaient essayé plus jeunes mais aussi parce que d'une certaine manière ils n'étaient pas encore prêts à se rencontrer - si une telle chose existe. C'est une régression qui se corrige. Comme de corriger un regret avant qu'il ai eu le temps de se faire, sans l'avoir spécialement planifié. Je suis content de te rencontrer, Andrea. Je serai encore plus content de te rencontrer quand on aura un peu fait tomber les masques. Mon dieu, c'est à cause de nous que tu t'es mise à fumer, je me sens coupable maintenant ! Tu vois c'est pour ça que je veux pas d'enfant : tu marques leurs vies sans t'en apercevoir en faisant un mini truc à la con juste parce que tu voulais prendre du temps pour toi. Il n'a vraiment pas envie de confondre Andrea avec Dallas. Il y a trop de copains de Joe qui ont fait ça avec lui, à un moment ça t'enlève ton identité parce que t'en joue, c'est sympa d'être identifié au grand, au modèle. Mais t'es pas pris pour ce que tu es. Il veut rencontrer Andrea, pas Andrea-la-petite-soeur-de-Dallas. Tu es de service cet après midi ? Parce que j'ai un autre truc qui est trop bon pour être sain.

Il trébuche à moitié sur son propre pied en se relevant à grand peine. C'est marrant comme la tragédie n'enlève pas la maladresse aux maladroits, ce qui fait que tu ne peux jamais complètement avoir la sensation de vivre un truc parfaitement solennel parce que ton corps te rappelle tout le temps au concret ridicule de la vie. Te rappelle au second degré en permanence. Vous pouvez être sûrs que si Oedipe les yeux crevés avait craqué son pantalon en faisant un mouvement on aurait eu droit à un très beau monologue parlant du drame qui peut toujours être relativisé par les petites maladresses du quotidien et la civilisation occidentale serait beaucoup moins grave. C'est terrible que la civilisation occidentale soit fondée sur autant de propension au tragique et au sérieux tout ça parce qu'Oedipe portait des toges souples, beaucoup moins simples à craquer aux endroits stratégiques.
Mort claudique jusqu'à son bureau, ouvre le dernier tiroir, fouille entre les dossiers et saisit entre l'index et le majeur une bouteille de scotch qu'il extirpe de là avec difficulté. Il a vu ça dans tellement de films noirs, le type important qui cache de l'alcool sous ses dossiers au travail, il était obligé de céder au cliché. Il pose la bouteille entre Andrea et lui et se rassoit avec peu de grâce. Voilà : en tout cas, la possibilité existe. Si ça ne te dérange pas de boire direct au goulot. Ce n'est pas parce qu'il n'a pas envie de prendre Andrea pour son frère qu'il doit se priver de faire les mêmes conneries avec elle.
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Andrea Hewitt
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Bad Cop in Town

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Occupation : Adjointe du shérif.
Réputation : L'enfant terrible Hewitt, éternelle célibataire, minsanthrope, que l'on soupçonne de préférer les femmes.

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MessageSujet: Re: (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ?   (morty) i'ts been so many years now, will he remember my old voice ? EmptyLun 19 Mar - 22:28

Je suis content de te rencontrer, Andrea. Mort pose ces mots, de sa voix lente et grave, il les prononce et soudain ils semblent emplir tout l'air qui les environne. Il fait ça avec les mots, semble-t-il : il a cette nonchalance distante qui fait que chacune de ses phrases semble prendre des sens profonds dans l'oreille de ceux qui l'écoutent ; un sorcier du langage, de ces élocutions dont la rareté fait aussi la particularité, de ces discours qui, parce qu'ils sont peu fréquents, deviennent précieux. Et Mort, il a ce don de donner un sens plus fort à ce qu'il dit, et une petite phrase toute simple, innocente, prend des ampleurs majestueuses. Andrea ne répond pas tout de suite : elle la savoure, la respire, l'inspire et la garde encore un peu dans ces poumons, en proie à la réflexion. Quand il dit "rencontrer", peut-être signifie-t-il simplement qu'il est heureux qu'ils se soient croisés, ce jour précis. Pourtant, Andrea l'entend comme les mots que l'on prononce à une personne que l'on voit pour la première fois. Et elle se dit que, c'est vrai, que c'est peut-être la première fois de leurs vies qu'ils sont aussi proches, physiquement d'abord, mais aussi par leurs cerveaux et - peut-être - par leurs âmes et leurs natures profondes. « Moi aussi, Morty. Tout ça grâce à un stupide paquet de cigarettes, » elle lâche et elle se marre.

Alors il reprend la parole, claudiquant vers son bureau et extirpant une bouteille d'alcool sous un tas de papiers. Andrea rigole, encore une fois, et pour la première fois depuis longtemps. C'est un rire franc, qu'elle ne retient pas. Il faut dire que la scène offre un ressort comique notable : deux trentenaires - directeur de magasin et adjointe du shérif, qui est plus est - assis par terre, ressassant leurs souvenirs et buvant du whisky au goulot. On dirait deux adolescents, planqués dans la cave, picolant pour la première fois. Andrea se dit qu'elle voudrait redécouvrir la joie de l'ivresse avec Mort, la saveur particulière, aussi repoussante qu'enivrante, de l'alcool qui coule dans la gorge, qui brûle, qui rosit les joues. Elle repense à sa première cuite : Dallas était impliqué, Morty ne pouvait pas être bien loin.

Un regard à sa montre, Andy note qu'elle devrait encore être au commissariat. Mais face au regard interrogateur de Morty, elle ne peut résister. Andrea en a envie, terriblement envie, bien plus que d'être derrière son bureau pour encore deux heures.
« Oh et puis, soyons fous. Je manquerai à personne là-bas. » note-t-elle sourire en coin, tendant la main vers la bouteille qu'elle porte à sa bouche. Première gorgée, elle en sent immédiatement la douce chaleur et l'amertume.

« A l'ivresse l'après-midi. » Elle déclare, levant la flasque en direction de Morty avant de la lui passer pour trinquer virtuellement avec lui. « Si je m'attendais à me retrouver ici avec toi, là, comme ça. Mais à vrai dire, c'est plutôt cool. » Elle meurt d'envie de lui dire que c'est peut-être la première fois depuis un an, depuis la mort du père Hewitt, qu'elle se laisse aller à simplement prendre le train de discuter avec quelqu'un pour le simple plaisir. Ses échanges, jusqu'alors, se sont limités à ses collègues, et sa famille, évidemment, à commencer par Dallas. Mais ce moment partagé avec un presque étranger, est une nouveauté pour elle qui ne s'accorde aucun instant de répit.

« Est-ce que... est-ce que tu sais ce que je pensais de toi quand on était ados ? » elle lance en détournant le regard, sans vraiment y réfléchir. Il ne s'agit pas d'une grande déclaration, pourtant, et elle ne sait pas bien ce qui l'a poussée à prononcer ces mots, sinon l'envie de faire confiance, et le besoin de se confesser.

Spoiler:
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