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 Rage against Drugs (Tess)

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Boyd Desmond
Boyd Desmond
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Rage against Drugs (Tess) Giphy

Occupation : Shérif parachuté en sept. 1984, après le décès du patriarche Hewitt. Ex-officier de police à Detroit, sensible aux affaires de racisme et de drogue.
Réputation : Grâce à un travail sérieux, beaucoup de diplomatie et de gros efforts pour s’intégrer, le shérif commence à gagner le respect et la confiance des habitants. Boyd reste néanmoins un étranger de passage qui n’a aucun ami à Blackwood.

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MessageSujet: Rage against Drugs (Tess)   Rage against Drugs (Tess) EmptySam 9 Déc - 11:26

+ Rage against Drugs +

Meeting at Blackwood High


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(Avertissement : ce RP aborde la thématique de la drogue et de la jeunesse sous le regard drastique de Boyd Desmond et son langage cru. Merci de garder à l’esprit qu’il s’agit d’un simple rôle, et de vous épargner cette lecture si le sujet touche chez vous une corde sensible.)

Les lycéens étaient une source d’emmerdements inépuisable. Boyd Desmond était bien placé pour le savoir, lui qui avait pas mal déconné tout au long de sa scolarité à Detroit. Rien de très méchant, pas comme ses congénères qui s’entretuaient pour un sachet de dope, ou parce que leur tatouage indiquait qu’ils n’appartenaient pas au même gang.

Le fléau des stupéfiants se répandait comme un virus, ignorant les frontières, transformant les dealers en hommes riches et les consommateurs en camés hilares – ou pleurnichards surexcités quand le manque se ressentait. Le nouveau shérif avait pris le dossier en cours, plutôt mince à ce stade bien que plusieurs éléments étayaient la théorie d’un trafic de drogues à Blackwood High. Même le Pepin News Journal en parlait dans son édition du 30 novembre. Une enquête avait démarré, les lycéens et les enseignants avaient été questionnés sans que rien de probant n’en ressorte. Tu parles Charles, pas étonnant. L’omerta au sein d’un lycée n’a rien à envier aux bouffeurs de raviolis de la Mafia.

Les jeunes, attirés par l’interdit comme des mouches par un tas de fumier, étaient les proies idéales des escrocs en tous genres. Solidaires, ils se couvraient les uns les autres contre le reste du monde. Le gang, le clan, le groupe, la tribu ; on y revient toujours. Les mêmes schémas depuis ces horreurs ultrapoilues de la préhistorique qui précédaient homo sapiens. Boyd lui-même, qui avait toujours abhorré ces barrières artificielles, s’était conduit de façon triplement conne à cet âge : il n’appartenait pas au club des consommateurs, ni à un gang de dealers, et le lycée – profs comme élèves – le rejetait comme un étron. Pourtant, la simple idée de jouer la balance lui paraissait inconcevable. Fierté mal placée dans son cas. Chez d’autres, peur d’une raclée ou d’être rejeté.

Certains consommateurs influençables voyaient comme un acte de rébellion, presque militant, de fumer un chichon, sniffer un rail de coke comme un putain d’aspirateur ou chercher une veine encore intacte pour s’injecter de l’opium liquide.
À Detroit, Boyd en avait été témoin : il suffisait d’un meneur charismatique pour écouler les pires saloperies. Capitaine chevelu de l’équipe de baseball, quater back sans cervelle, crétin au look de bad guy, ces clichés juvéniles et admirés étaient les candidats les plus évidents, mais pas les seuls.
L’ex-officier de police avait un lourd passif avec les drogues en tous genres. Il avait vu trop de vies brisées, voire irrémédiablement anéanties, à cause de cette saleté qu’il était difficile de lâcher une fois accros. Au fil des ans, la lutte contre la drogue était presque devenue une vendetta personnelle. Il ne permettrait jamais que pareilles tragédies frappent Blackwood, dont il avait désormais la responsabilité. Quitte à tordre des bras juvéniles et cogner des mâchoires plus âgées, comme à Detroit.

Néanmoins, le shérif savait pertinemment que toute enquête officielle était vouée à l’échec. À moins d’un gros coup de bol, comme un gamin qui se dégonflait ou balançait ses potes pour une histoire de vengeance puérile. Ça arrivait parfois, raison pour laquelle il fallait tenter le coup. Et puis ça rassurait la population, de voir les flics s’agiter sur le terrain et recueillir des témoignages.
À Detroit, on pouvait aussi demander l’intervention ponctuelle de l’unité canine (la procédure était longue et complexe) pour débusquer les barrettes d’herbe et sachets de poudre. C’était plutôt efficace, même si l’ingéniosité des jeunes l’emportait souvent sur le flair des chiens policiers.
Les clébards de Blackwood, quant à eux, se spécialisaient plutôt en léchage de postérieurs. Boyd l’observait chaque matin durant son footing, et certaines images dégoûtantes hantaient ses pires cauchemars.

Voilà pourquoi le représentant de la loi adoptait une autre approche. En l’absence d’agent infiltré, il lui fallait un intermédiaire à la fois responsable et proche des jeunes. De fil en aiguille, un nom s’était imposé comme une évidence : Tess Marini. Surveillante depuis des années au lycée de Blackwood High, elle savait bien s’y prendre avec les jeunes, disait-on. Mieux, elle était un peu bizarre et les élèves la prenaient pour une des leurs, ou presque. Encore cette histoire de clan et de Cro-magnon.
L’excentricité de Tess, Boyd n’en avait strictement rien à foutre. Surtout qu’en suivant les critères de Blackwood, la moitié de Detroit serait considérée comme déviante. Tant qu’elle pouvait garder un œil sur ces gamins et le rencarder, elle pouvait se prendre pour la vierge Marie. Enfin non, pas la vierge Marie apparemment. Une vieille peau avait glissé au shérif que la surveillante avait blasphémé dans la maison du Seigneur quand elle était gamine. Et pour cette offense, elle croupirait en enfer pour l’éternité blablabla. La vieille carne avait omis d’énoncer la cruelle sentence, mais celle-ci transpirait entre les rides de cette fichue grenouille de bénitier.

~

Boyd Desmond pénétra à l’intérieur du lycée pendant les heures de classe. Toujours ce sentiment un peu jubilatoire de parcourir un tel lieu avec l’autorité que lui conférait l’insigne, alors que ses résultats scolaires n’avaient inspiré que honte et mépris.
Il s’adressa au bureau de la direction, question de courtoisie. Certains n’appréciaient pas qu’on s’introduise dans leur territoire sans être invité. Toujours cette histoire d’archaïsme tribal. Et puis, Tess Marini aurait peut-être des emmerdes si le shérif venait la voir directement. Des questions plus ou moins indiscrètes, des ragots, il n’en fallait pas davantage pour vous pourrir la vie.

« Je viens m’entretenir avec mademoiselle Tess Marini. Comme je connais peu le lycée et qu’elle fréquente les élèves au quotidien depuis des années, son avis sur la jeunesse m’intéresse. » Son discours famélique, Boyd l’avait retourné dans tous les sens tout au long du trajet jusqu’à Blackwood High. Face aux intellos qui travaillaient ici, il fallait faire bonne figure et éviter un langage trop familier. Il expliqua que l’enquête sur le trafic de drogues poursuivait son cours, mais que la discrétion s’imposait pour le bien de tous. Jouer la carte du secret ou avouer qu’il n’avait rien de solide. Un dilemme facile à trancher.

Difficile de décoder les expressions sur leurs gueules constipées, mais on renseigna le shérif sur l’objet de sa recherche. Un joli visage, à la photo qu’on lui montrait. À Blackwood, Boyd l’avait appris très tôt avec ses harpies d’adjointes, joli minois ne rimait pas avec bon aloi. Par contre, les préjugés rimaient toujours avec à chier. Alors sa détermination restait intacte.
La miss prenait certainement sa pause à la cafeteria, bien au chaud tandis qu’on se pelait les miches à l’extérieur. Heureusement, le lycée de Backwood comprenait un nombre réduit de bâtiments et de couloirs. Du moins, comparé aux grandes villes américaines comme Detroit. Il trouva sans difficulté, fort des indications précises de la direction.

La cafeteria du lycée ressemblait à toutes les autres : grande salle, sol carrelé assez propre, tables et de chaises conformes aux modèles standards. Quelques-unes occupées. Et l’immanquable distributeur de boissons chaudes aux tarifs exorbitants, irrésistible tentation diabolique qui absorbait l’argent des lycéens fauchés comme du personnel adulte (certains dans une dèche similaire). Tout ça pour quelques grammes de poudre lyophilisée mélangée à de l’eau calcaire, mais délicieusement chaude. Boyd n’était pas Jésus-le-sauveur : il glissa une pièce dans la fente et sélectionna un café. Puis un deuxième. À croire qu’il était doublement con.
Ou simplement aimable, puisqu’il se dirigea avec ses gobelets en plastique fumants vers la table où il avait repéré Tess Marini. De dos, mais le shérif avait l’œil. Malgré son accoutrement original pour une femme de son âge, on reconnaissait aisément la seule adulte présente dans une cafeteria presque vide.
Il croisa en chemin un petit groupe de jeunes qui jouaient aux cartes. « Hi, guys. Bonne partie ? » Shérif sympa avec le sourire colgate. Réponse : visages fermés, lèvres serrées. Putain. Décidément, Boyd ne serait jamais populaire dans un lycée.

Sans se démonter, le shérif continua jusqu’à la table de Tess et se positionna devant elle, le sourire aux lèvres pour paraître sympathique – en réalité, il l’était, sympathique, mais forcer un peu le trait ne nuirait pas à la cause. Malgré la tonne de maquillage qui peinturlurait joliment son visage fin, il identifia la surveillante sans erreur possible.

« Un café ? », dit-il en proposant l’un des deux gobelets encore chauds. « Je suis le shérif Boyd Desmond, vous avez un peu de temps pour discuter ? »


HRP : désolé pour le pavé, mais j’étais inspiré ce matin ! Mes posts sont deux fois moins longs en général. Hum


Dernière édition par Boyd Desmond le Jeu 14 Déc - 16:41, édité 2 fois
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Tess Marini
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Réputation : une bien mauvaise influence pour la jeunesse de blackwood.

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MessageSujet: Re: Rage against Drugs (Tess)   Rage against Drugs (Tess) EmptyDim 10 Déc - 22:43

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Tess avait passé une partie conséquente de ses vingt neuf années d'existence à fumer. Cigarettes, joints. En toute tranquillité. En alliant cela avec un peu d'alcool aussi, histoire de varier les plaisirs. Elle ne comptait plus le nombre de fois où elle était rentrée complètement bourrée chez ses parents. A chaque fois, sa mère se ruait vers elle, prête à lui faire passer un mauvais quart d'heure. A croire qu'elle avait un odorat surdéveloppé et que ce délicieux mélange d'herbe et de whisky parvenait jusqu'à ses narines. Elle entamait alors de grands laïus sur la nocivité de la drogue et de l'alcool. En général, Tess n'en avait strictement rien à foutre. Cela faisait bien longtemps qu'elle avait cessé d'écouter les conseils de ces bourgeois déconnectés du monde, sans cesse en train de critiquer la jeunesse, pour laquelle ils avaient un insupportable mépris. Pour eux, les jeunes n'étaient que des casseurs, des saletés de manifestants, qui s'opposaient à tout et qui faisaient la une des journaux télé.

Ayant grandi et s'approchant dangereusement de la trentaine, on aurait pu penser que la demoiselle Marini deviendrait plus sage et se rendrait compte du bien fondé des conseils de ses géniteurs. Erreur. Elle était persuadée qu'interdire n'était pas la bonne solution. Toute interdiction poussait à enfreindre les règles. Son éducation trop stricte l'avait poussée à n'en faire qu'à sa tête, à se rebeller sans cesse. Alors, elle ne se permettait jamais de tels conseils avec les jeunes qui étaient sous sa garde.

Certains, après avoir consommé des substances illicites, arrivaient au lycée avec des démarches patibulaires, les yeux injectés de sang. Des zombies se dirigeant vers le cours de maths - mais ne faut-il pas être un zombie pour supporter l'algèbre? Néanmoins, il ne lui venait jamais à l'idée d'aller leur faire la morale, d'aller contrôler ce qu'ils avaient dans leur sac, ou bien d'en parler à la hiérarchie. D'ailleurs, parfois, elle les voyait, attroupés dans la cour, à faire on ne sait quoi. Elle en déduisait bien évidemment qu'ils étaient en train d'échanger quelque chose. Mais, elle décidait toujours de les laisser faire. De s'en foutre royalement. D'accepter leurs travers. Comme disait ce brave Jésus: ne jugez pas et vous ne serez pas jugés. Et jamais, ô combien jamais elle n'irait leur faire la morale. De toute façon, elle aurait été mal placée pour leur faire la morale, étant donné qu'elle arrivait parfois éméchée au lycée, après de longues nuits à se faire payer des verres par les routiers du coin. Glamour, toujours.

Dans le journal du coin - que Tess lisait en diagonale, pendant ses multiples pauses clope -, on parlait d'un possible trafic de drogue au lycée. Tess n'avait pas vraiment de doute sur la question. Néanmoins, elle était sûre d'une chose : elle prendrait toujours la défense des élèves. Surtout face à l'autorité, face aux flics qui allaient peut-être débarquer. Elle prendrait de grands airs offusqués et leur dirait "de la drogue, ici? impossible, ils sont si sages !", si on en venait à lui poser des questions sur ce sujet. Son rôle était savamment répété, ses phrases préparées.

*****

C'était une journée comme une autre, à Blackwood. Un vent glacial soufflait dehors. Tess était donc cloîtrée dans le lycée, errant dans les couloirs déserts, habitée par un certain ennui. Vêtue de son éternelle petite jupe écossaise et d'un pull rouge, maquillée comme si elle s'apprêtait à aller au bal de promo, elle n'avait absolument pas l'air sérieuse dans son rôle de surveillante. De sa démarche la plus nonchalante au monde, elle vérifiait que tout le monde était bien en cours, quand elle vit un jeune homme, dehors, en train de fumer. Un petit sécheur. Classique. Elle alla à grands pas vers lui et lui dit, bras croisés sur sa poitrine, sourcils froncés, voix sévère - un rôle qu'elle avait parfaitement appris à jouer: Les cigarettes sont interdites ici, monsieur Adams ! Combien de fois dois-je vous le dire ? Donnez moi ça tout de suite. Et filez en cours. Je ne veux plus vous voir ici ! Apparemment elle était convaincante, car le pauvre ado boutonneux tremblait comme une feuille pendant ses réprimandes. Il fila à l'intérieur. Tess était la surveillante cool par excellence, mais il ne fallait pas l'énerver, elle pouvait rentrer dans des colères noires et tout simplement terroriser les élèves.

Elle avait saisi sa cigarette, faisant mine d'aller l'éteindre. Bien évidemment, elle se mit à fumer le peu qu'il restait. Tout ça dans le froid sibérien. Qu'importe le temps, pourvu qu'il y ait l'intoxication. Suite à cela, elle retourna à l'intérieur. Elle alla dans la cafétéria, un de ses lieux de prédiction. Toujours un peu de nourriture à gratter. Ou des trucs marrants laissés par les élèves. Là, en l'occurrence, il y avait quelques élèves, qui n'avaient pas cours à cette heure précise et jouaient aux cartes. Tess fit un petit sourire, en les regardant. Voilà une activité plus politiquement correcte que les échanges de joints dans un coin de la cour.

Elle fouilla la salle du regard quand elle vit un magazine féminin, laissé sur une table. Il s'agissait d'une revue pour les ados, avec une starlette toute peinturlurée en couverture. Tess s'assit, saisit le magazine et se mit à feuilleter la chose, quand elle tomba sur un article intitulé "comment bien rouler une pelle?." Question existentielle. Tess lisait donc ces pages dignes d'un traité philosophique, quand elle entendit des pas au loin. Encore un petit con qui venait l'emmerder, à coup sûr.

Elle s'apprêtait à hurler sur le pauvre fou qui osait s'aventurer là et déranger sa tranquilité, quand elle vit un homme inconnu se diriger vers elle. Deux gobelets à la main. What the fuck. Elle le regarda de haut en bas. Elle reconnut l'uniforme immédiatement. Putain, le shérif. Belle gueule mais sûrement pas très commode. Voilà qui sentait le roussi. Tess tenta de masquer la panique qui commençait à monter en elle. L'uniforme de shérif provoquait toujours une espèce d'angoisse chez elle. Elle avait passé une grande partie de son adolescence à se faire engueuler par le shérif de l'époque, et, depuis, elle ne portait pas vraiment cette fonction dans son coeur. Tout représentant de l'ordre avait tendance à l'irriter d'ailleurs, elle qui avait tant participé à des manifestations, durant lesquelles les policiers ne faisaient pas preuve de grande délicatesse avec les manifestants. Ou leur tiraient dessus. Ils avaient la gâchette facile. Bref, elle n'était pas très à l'aise avec ces gens là. Mais, il apportait un café et souriait, alors elle était prête à oublier sa rancoeur contre les forces de l'ordre, l'espace de quelques minutes. Un café gratuit, cela ne se refuse pas. Elle aurait préféré des shots de vodka à cet instant précis, mais on ne peut pas tout avoir. Alors, elle lui dit, un petit sourire aux lèvres: Merci, je veux bien. Tess Marini, enchantée. Pure politesse, bien sûr.  

Elle porta le café à ses lèvres. Un jus de chaussette à l'américaine. Quelque chose qui ne la ferait pas sortir de son éternelle léthargie. Tess resta silencieuse un instant puis dit au shérif, en le fixant droit dans les yeux: J'ai une multitude de choses à faire, mais allez-y, je vous écoute. Bien évidemment, elle n'avait pas une "multitude de choses à faire". Mais elle voulait jouer la personne sérieuse, la jeune femme travailleuse, auprès de cette personne qui pouvait potentiellement lui causer des problèmes. La visite inopinée du shérif ne lui disait rien qui vaille, et, inévitablement, Tess se faisait le film de toutes les conneries interdites qu'elle avait fait ces derniers jours, angoissée à l'idée qu'il vienne la voir pour la sermonner quant à son comportement répréhensible.


Dernière édition par Tess Marini le Mar 2 Jan - 13:28, édité 2 fois
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Occupation : Shérif parachuté en sept. 1984, après le décès du patriarche Hewitt. Ex-officier de police à Detroit, sensible aux affaires de racisme et de drogue.
Réputation : Grâce à un travail sérieux, beaucoup de diplomatie et de gros efforts pour s’intégrer, le shérif commence à gagner le respect et la confiance des habitants. Boyd reste néanmoins un étranger de passage qui n’a aucun ami à Blackwood.

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MessageSujet: Re: Rage against Drugs (Tess)   Rage against Drugs (Tess) EmptyMar 12 Déc - 17:48

Maintenant qu’il se trouvait devant la surveillante, Boyd mesurait à quel point son style tranchait avec le conformisme habituel de Blackwood. La tenue vestimentaire de la jeune femme avait une génération de retard. Voire deux. De surcroît, elle portait plus de maquillage qu’un Peau-Rouge sur le sentier de la guerre. Pour un trentenaire comme Boyd, ces excentricités évoquaient son enfance à Detroit, grande ville multiculturelle. Pas une jeunesse dorée au pays merveilleux des bisounours, loin de là, mais avec son lot de bons souvenirs. Et puis, surtout, c’était chez lui. Home sweet home. Le shérif n’était qu’un intrus à Blackwood, à peine plus qu’un touriste de passage, avec un flingue au ceinturon au lieu de l’appareil photo pendu autour du cou.

Elle accepta le liquide insipide de la machine démoniaque qui venait de lui soutirer une putain d’heure de salaire. Boyd n’était certainement pas radin, mais en bon représentant de la loi, il n’appréciait guère les arnaques.
Le visiteur tira une chaise et s’assit devant Tess tandis qu’elle prenait les devants en annonçant une multitude de tâches à accomplir. Dont le shérif n’avait strictement rien à foutre. S’il avait fait le déplacement jusqu’à ces bâtiments pourris, parlé aux gueules constipées de la direction et essuyé les regards fielleux des lycéens, ce n’était sûrement pas pour discuter cinq misérables minutes.
À l’exception des bleus, parfois aussi naïfs que les personnages Disney, tous les flics avaient l’habitude de ces excuses à la con. Les gens acceptaient la conversation pour donner l’illusion de citoyens engagés et coopératifs, mais la plupart avaient un rendez-vous important, une grand-mère malade, ou un repas sur le feu même en plein milieu de l’après-midi.
De toute façon, Boyd ne s’attendait pas à ce que Tess se confie à lui comme un pécheur multirécidiviste au curé de la Sainte-Église. Lui-même n’en était pas un, de cul béni, et ne ressentit donc aucune culpabilité en proférant ce mensonge, les yeux dans les yeux : « Ne vous inquiétez pas, mademoiselle, il n’y en a pas pour longtemps. ».

Mais le shérif avait deux problèmes.

En premier lieu, il avait toujours été un piètre menteur. Ce n’était pas faute de pratique, juste une absence totale de talent pour penser une chose et en dire une autre. Ou pour feindre l’ignorance. Chaque mensonge ou tentative de dissimulation s’accompagnait généralement d’un rictus caractéristique, quand il ne rigolait pas bêtement. Heureusement pour les services de police américains, les hommes comme Boyd devenaient rarement inspecteur – malheureusement, les erreurs d’affectation et les pistons défiaient parfois le bon sens.

Le second problème était bien plus grave. Maintenant qu’il regardait son interlocutrice pour le moins fantasque dans le blanc des yeux, Boyd repensait à l’incident de l’église que lui avait rapporté la grenouille de bénitier. Pire, il s’imaginait la scène et ne pouvait contrôler le sourire hilare qui égayait son visage. « Elle va croire que je me fous de sa gueule. », songea-t-il. Alors que c’était tout le contraire, il se gaussait intérieurement des bigots puritains, dont il aurait payé cher pour voir les têtes.

Le shérif se racla la gorge pour tenter de se reprendre, puis piqua du nez pour boire une gorgée de café. Cette manœuvre lui permettait de soustraire le visage de Tess de son champ de vision. Bordel, il était venu pour aborder un sujet très sérieux, et voilà qu’il se fendait la poire. Quel shérif de choc.
Là, ses yeux se posèrent malgré lui sur le magazine que feuilletait la surveillante. Placé à l’envers, le titre de l’article manquait de lisibilité pour un lecteur anémique comme Boyd. A contrario, les illustrations colorées ne laissaient guère planer le doute : visages dessinés qui se rapprochent, lèvres qui se touchent, vues en coupe ciblant l’intérieur de la bouche.
Le shérif cligna des paupières, saisi de surprise. Avec un effet heureux et inattendu : l’histoire de l’église quitta illico son esprit, emportant avec elle cette envie de rire difficile à réprimer. Ses trois neurones associaient trois informations différentes : 1) Tess avait la réputation de femme bizarre et inconvenante ; 2) Tess était très proche des lycéens, une des leurs ; 3) Tess lisait un article chaud bouillant (selon les normes de Blackwood…) au beau milieu de la cafeteria. Pour l’inspecteur Harry Desmond, ces indices convergeaient vers une théorie douteuse que son cerveau hésitait à formuler.
Le shérif secoua la tête pour chasser ces viles pensées, puis aborda enfin le motif de sa visite.

« Je suis venu vous demander de l’aide pour protéger les jeunes de Blackwood. » Vlan. Voilà qu’il sortait le couplet du Protect & Serve, initié par la police de Los Angeles en 1955 et repris à travers toute l’Amérique. « Puisque vous travaillez ici, vous savez qu’il y a une enquête sur le trafic de drogues. Elle a démarré avant mon affectation, et je compte bien boucler le dossier, parce que c’est très important. » Maintenant qu’il entrait dans le vif du sujet, toute trace d’hilarité s’était évanouie. Bien au contraire, mélancolie et tristesse s’invitaient dans la conversation. « Vous savez, je viens de Detroit, et là-bas, la drogue est un gros problème depuis les années 50. J’ai vu tous les dégâts que cette saloperie peut causer : des vies brisées, des familles bousillées, des quartiers gangrénés. Croyez-moi, quand on a été témoin de ces choses-là, on ne veut surtout pas que ça se produise ailleurs. » L’ex-officier de police frottait nerveusement ses mains contre ses cuisses en regardant par la fenêtre, comme s’il contemplait l’écho de souvenirs encore douloureux. Puis ses iris bleus plongèrent à nouveau dans ceux de Tess avec une détermination plus marquée.

« On a vraiment besoin de vous. Je ne parle pas seulement de l’enquête en cours et de la police, mais de tout Blackwood. Je sais bien que les lycéens aiment expérimenter des trucs. Et qu’ils sont doués pour le cacher aux profs et aux parents. On a tous été adolescents un jour…
Je ne suis pas le genre de gars à vouloir écraser les jeunes sous une tonne de règlements, c’est nul en plus d’être inefficace. Mais la drogue… c’est vraiment de la merde. On teste une fois, deux fois… puis on devient accro et on ne peut plus s’en passer. Ou difficilement. Et comme on est accro, on est prêt à tout pour s’en procurer. On commence par se servir dans le petit cochon de frangine, puis on pique des billets dans le porte-monnaie de maman, on trahit ses amis, on vole des gens biens. Bref, si on laisse un réseau s’implanter à Blackwood, ce sera très dur de revenir en arrière.
Il parait que vous êtes proche des élèves. Je ne sais pas si le métier de surveillante est pour vous un job alimentaire, mais vous devez quand même aimer ces gosses un minimum. Si vous voulez éviter qu’ils gâchent leur vie et celle de leurs proches à cause de la drogue, aidez-moi à tirer cette affaire au clair. Et s’il vous plaît, guidez-les vers d’autres moyens de s’éclater, qui ne les changeront pas en loques dépendantes. Ne le faites pas parce que le shérif vous le demande, faites-le pour eux.
»

Boyd venait de parler avec son cœur. Sans calcul, sans chercher à manipuler. Il n’avait pas l’éloquence d’un tribun, mais sa voix vibrait à l’unisson avec les traits expressifs de son visage pour véhiculer davantage d’émotion et d’humanité. Un miracle qui trouvait son origine dans cinq années de mariage auprès d’une épouse formidable, malheureusement décédée depuis un an. Une perte dont il ne s’était toujours pas remis.
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MessageSujet: Re: Rage against Drugs (Tess)   Rage against Drugs (Tess) EmptyMer 3 Jan - 0:13

L'angoisse continuait de monter en Tess, face à ce représentant de l'ordre qui osait s'aventurer dans son territoire. Un territoire sacré où elle faisait régner l'ordre. Enfin, plus ou moins. En tout cas, elle tentait de garder la face et de ne pas trahir la panique qui s'emparait d'elle. Elle essayait de rester nonchalante, d'incarner son rôle de feignasse. Celui de la surveillante un peu paumée qui n'est au courant de rien. Car elle sentait bien que la présence du shérif avait, de près ou de loin, un lien avec le trafic de drogue au lycée. Or, elle ne voulait pas être mêlée à tout cela. Ses rôles de plante verte dans un coin de la cafétéria ou de traîne-savate dans les couloirs lui convenaient à ravir.

Selon les dires du shérif, cette entrevue serait rapide. Tess lui adressa immédiatement un regard suspicieux. Elle les connaissait bien, les gens de cette espèce. Toujours se méfier d'eux. Il est bien rare qu'une entrevue avec un représentant des forces de l'ordre ne dure que quelques minutes. Mais, s'il venait à trahir sa promesse, elle se ferait un plaisir de lui rappeler. Ou de prétexter une tâche urgente à accomplir. Mais au fond, il n'y avait d'urgent à faire, ce jour là. Si ce n'est de se barrer de ce lieu monotone et d'aller s'enfiler des bières en compagnie de ses piliers de bar favoris.

Tess écoutait donc le shérif, bras croisés sur sa poitrine, perplexe mais intriguée à la fois. Jusqu'à ce qu'elle le voit rire. Sans véritable raison, d'ailleurs. A priori. Il y avait deux possibilités: soit il n'était pas très bien dans sa tête et était parfois pris d'une hilarité inexplicable (peu probable), soit quelque chose chez elle suscitait son rire. Mais quoi ? Certes, elle était insolite, sur tous les plans, mais elle ne se trouvait pas particulièrement drôle à cet instant précis. Néanmoins, Tess décida de ne pas faire de remarque sur cette attitude fort bizarre et inappropriée de la part d'un shérif. Elle ne manquerait pas d'y faire référence par la suite. Tess était du genre à absolument tout retenir, la moindre parole, le moindre geste et à vous le ressortir dix ans plus tard, avec une amertume non dissimulée.

Le suspense était toujours à son comble. De quoi venait-il parler ? Qu'est ce qui pouvait justifier une interruption pareille ? Un dérangement si grand, si grave, au cours d'une lecture capitale, qui aurait peut-être pu faire d'elle une véritable déesse auprès de la gent masculine (ou pas)? Tess restait circonspecte face à cette intrusion qu'elle trouvait pour l'instant peu justifiée. Un café gratuit, certes, mais un rire gênant et un silence de mort avaient suivi. Pour l'instant, elle n'était pas convaincue...

Mais voilà que le shérif aperçut le magazine, qu'elle avait bien évidemment oublié de fermer. Ce genre de gaffe arrivait perpétuellement à Tess. La loi de Murphy semblait régir sa vie entière: tout ce qui est susceptible de mal tourner tournera nécessairement mal. Elle regardait le shérif, qui était manifestement troublé par la vision de ce magazine étonnant pour un bled aussi puritain que Blackwood. L'avait-elle choqué ? Peu probable. Au vu de sa profession, plus grand chose ne devait le choquer. Une fois de plus, Tess choisit de ne pas rebondir sur ce moment relativement gênant. Elle savait très bien comment étaient les gens de Blackwood. Toujours à tirer des conclusions à partir de peu de choses. A médire sur leurs semblables. Elle n'était pas sotte: elle savait pertinemment toutes les énormités que l'on disait à son propos. Qu'elle était une femme de petite vertu, une excentrique, une saleté de manifestante, possiblement même une droguée et pire, une athée. Des tares impardonnables auprès des habitants de cette ville. Bref, elle se disait que le shérif Desmond avait déjà entendu parler d'elle. En mal, probablement. Mais elle était prête à parier qu'il passerait au dessus de tout cela, puisqu'il avait manifestement besoin d'elle.

Son discours confirma qu'il avait effectivement besoin d'elle. Tess l'écoutait, avec sérieux, le fixant même. Ses yeux traduisaient une certaine mélancolie, une tristesse face à ce trafic de drogue qui se répandait parmi la jeunesse de Blackwood. Il se confiait un peu, parlait de Détroit et de son passé. Tess aimait qu'on lui conte des histoires. Que les gens parlent de leur propre personne, en sa compagnie. C'est d'ailleurs pour cela qu'elle exerçait la voyance. Elle avait toujours aimé entendre les histoires individuelles, essayer de comprendre les personnalités, les vies compliquées de ses semblables. Une personne sensée se serait mise à la psychologie. Elle avait choisi la voyance. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué...

Puis, il se lança dans une tirade sincère et adroite, sur l'importance qu'elle pouvait jouer, en tant que surveillante. Emportée par son discours, elle ne le quittait pas des yeux. Elle se reconnaissait dans ce qu'il disait et se sentait légèrement émue, même, face à ce dévouement pour les adolescents. C'était quelque chose qu'elle portait en elle, ce dévouement. Elle n'avait pas toujours été très professionnelle avec ces jeunes, très responsable. Souvent, elle avait dépassé les bornes. Mais elle gardait toujours une grande affection pour eux. L'envie qu'ils aillent bien et qu'ils s'épanouissent dans leur adolescence.

Néanmoins, l'apparente sincérité de ce discours n'effaçait pas tout. Tess restait terriblement méfiante, à l'égard de cette fonction qu'elle ne portait pas dans son coeur. De plus, elle se trouvait dans une situation délicate: grande confidente de certains lycéens, elle ne voulait pas les trahir. Ne voulait pas les manipuler pour avoir des informations à donner au shérif. Et, en même temps, elle était parfaitement d'accord avec ce qu'il venait d'énoncer, touchée par ce discours sensé et foncièrement humain. Bref, elle était embêtée par cette situation inédite qui s'offrait à elle. Habituellement, quand un représentant de l'ordre venait à elle, c'était pour l'arrêter. Tess se mit donc à parler, avec sérieux. Du moins, pour le moment... « Je suis d'accord avec vous, monsieur Desmond. Effectivement, il faut protéger la jeunesse de tout cela. Je dois vous avouer que ce job n'est pas une vocation pour moi, loin de là. Mais, avec les années, je me suis attachée à ces gosses. Même les plus insupportables. Alors oui, je veux leur bien. Je ne veux pas les voir finir camés ou derrière les barreaux... J'accepte de coopérer avec vous. Pour eux. Que voulez vous que je fasse, exactement ? »

Elle fit une petite pause dans son discours, le temps de reprendre une gorgée du café tiédasse. Elle jeta un regard autour d'elle, histoire de voir si les jeunes qui jouaient aux cartes les regardaient. Ils n'étaient pas loin et elle ne voulait pas qu'ils entendent ce qu'elle s'apprêtait à dire au shérif. Alors, elle se pencha légèrement vers lui et lui dit, bien plus bas que précédemment: « Néanmoins, une question me taraude. Qu'est ce que vous me proposez, en échange ? » Autant annoncer la couleur. Tout service se paie, après tout. Il lui semblait normal d'être rémunérée pour quelque chose qui serait probablement périlleux. Cette phrase, sortie de son contexte, aurait pu être prise dans un sens bien différent, mais là, elle parlait d'une rémunération financière. L'air amusé, un petit sourire aux lèvres, elle ajouta, en pointant le magazine qui avait manifestement intéressé le shérif : « Un abonnement à ce magazine ne suffira pas. » Une petite blague pour détendre l'atmosphère. On ne s'amuse pas beaucoup, quand on est shérif. Manger des donuts et boire du café ne suffisent pas à passer une bonne journée. Elle l'avait fait rire précédemment, en ne faisant strictement rien, alors elle n'osait imaginer sa réaction face à cette petite boutade. De quoi faire disparaître momentanément son air mélancolique, peut-être...
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Réputation : Grâce à un travail sérieux, beaucoup de diplomatie et de gros efforts pour s’intégrer, le shérif commence à gagner le respect et la confiance des habitants. Boyd reste néanmoins un étranger de passage qui n’a aucun ami à Blackwood.

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MessageSujet: Re: Rage against Drugs (Tess)   Rage against Drugs (Tess) EmptyJeu 4 Jan - 7:50

La surveillante écouta le shérif en soutenant son regard, signe que Boyd interpréta positivement.
Les indifférents manifestaient généralement des signes d’impatience, tapant du pied ou s’abandonnant à des tics nerveux à cause du temps précieux que le représentant de l’ordre leur faisait perdre. Les plus culotés – les plus francs, aussi – coupaient court à la conversation en clamant leur désintérêt profond pour toute autre cause que la leur.
Quant aux lâches, ils trahissaient presque toujours leur embarras par un regard fuyant. Ou par une montée de température qui colorait de teintes de rouge certaines parties de leur visage : pommettes, oreilles, nez. En été, il y en avait même qui trempaient leur maillot de sueur comme s’ils venaient de parcourir le marathon de New York.

Néanmoins, le policier ne lisait aucun enthousiasme chez son interlocutrice. Un manque de tempérament qui ne collait pas avec son apparence à la limite du burlesque. Son instinct de flic (le même qui, trois ans auparavant, l’avait mis sur la piste d’un confiseur car son sucre-glace ressemblait à des sachets de coke) lui soufflait que Tess était aussi tiède qu’une bière restée trop longtemps sur le comptoir.
Les paroles de la surveillante contredirent cette impression. Elle aimait ces gosses – bien plus que son travail, ce qui était fort compréhensible – et se disait prête à coopérer pour les protéger de ce fléau. Boyd s’engouffra dans la faille comme une pièce dans la fente d’un foutu distributeur de boissons. En modérant sa voix pour éviter que tout Blackwood High entende ses paroles.

« Je vous remercie, mademoiselle Martini. Je sais que c’est une lourde responsabilité, mais vous tenez l’avenir de certains lycéens entre vos mains. » La gravité s’atténua ensuite sur le visage du shérif, dont les pensées s’extirpaient d’un triste passé pour se recentrer sur le présent. Sur l’enquête en cours.

« Ce que je veux dans un premier temps, c’est démanteler les trafics. Et un trafic implique toujours un vendeur et des acheteurs. Blackwood High est un petit lycée, alors ils ne sont pas si nombreux à consommer, encore moins à dealer. » Une évaluation optimiste. En réalité, personne ne connaissait vraiment l’étendue du problème. Les lycéens eux-mêmes se basaient sur les habitudes de leurs camarades de classe et autres connaissances. Avec beaucoup de louchomètre et de rumeurs.

« Je veux surtout les noms des dealers et les endroits où ils vendent leur saloperie. J’imagine qu’ils ne font pas ça dans les salles de classe, les couloirs ou la cour de récré, sous le nez du personnel. » Une allusion aux enseignants que le bureau du shérif avait déjà interrogés, mais aussi à la surveillante en personne.

« Les consommateurs m’intéressent aussi. Essayez de repérer les comportements suspects, les lycéens qui ont l’air de perdre pied. Le but n’est pas de les envoyer au mitard, mais de les prendre en charge. De les soigner avant qu’ils ne fassent de grosses conneries. Vous pouvez diriger ceux qui sont déjà accros vers l’infirmerie, qui prendra ensuite contact avec moi le cas échéant.
Les autres, les fumeurs du dimanche qui ne sont pas encore trop atteints, il vous suffira de me filer leurs noms pour que je leur tire les bretelles. L’uniforme et la menace de passer quelques nuits au trou, ça a souvent un effet dissuasif. Et s’ils persistent, notre système judiciaire les empêchera de nuire aux autres après une fumette ou une dose de trop.
»

Tess avait profité de cette interruption pour boire une nouvelle gorgée de ce café dégueulasse que le shérif boudait volontairement. Quand elle reprit la parole, Boyd s’attendait à tout, sauf à une demande de compensation. Il en resta bouche bée, comme une raie manta qui se nourrissait en avalant des litres d’eau dans sa gueule grande ouverte.

OH PUTAIN MAIS QUELLE PÉTASSE ! Les cordes vocales du policier restèrent inertes, mais l’insulte s’imposa avec violence dans son esprit. La surveillante venait de lui servir un joli couplet sur son désir d’aider les jeunes, et voilà qu’elle cherchait à obtenir… quoi ?

Les rumeurs sur les mœurs légères de Tess Marini rejaillirent d’un coin de sa mémoire. Le coin avec une grosse pancarte marquée « bullshit », qui devenait plus fréquentable sous l’effet de la colère. De même, la pensée qu’il avait chassée sur la proximité très étroite de la jeune femme avec les lycéens revint au galop. C’est qu’elle lisait un article explicite sur la manière de rouler une pelle. Quels autres sujets égrillards figuraient sur les autres pages ?
Bref, en cet instant précis, le pseudo-inspecteur Desmond était convaincu que Tess vendait son corps aux mineurs qui agitaient suffisamment de billets. Et les candidats devaient se bousculer au portillon, avec une bonasse pareille.

En femme ribaude et vénale, elle croyait pouvoir extorquer des biftons au shérif alors que le lycée la payait déjà pour faire son putain de boulot de surveillante. Peut-être que ça la moussait de se prendre pour une indic, comme dans les films policiers made in Hollywood. Sauf que la réalité, c’était l’enquête d’un modeste commissariat dans un patelin du Wisconsin, pas une cause nationale pour mettre la famille Corleone derrière les barreaux.

Et la renarde osait ajouter, sourire avide aux lèvres, que l’abonnement à son magazine de merde ne suffirait pas. Évidemment, le policier ne prit pas du tout ce trait d’humour à la rigolade. Bien au contraire, la remarque de la succube attisa sa rage intérieure. Si Boyd était un dragon, il prendrait une grande inspiration pour lui cracher un torrent de flammes à la gueule (en plus, il rendrait service à tout le monde en cramant la diabolique machine à boissons située quelques mètres plus loin).
Est-ce que Martin Luther King demandait combien aux Noirs dont il défendait la cause ? Est-ce qu’une infirmière demandait combien avant d’enfoncer un suppositoire dans le cul de ses patients ? Est-ce qu’un Saint-Bernard demandait combien aux victimes d’avalanche, son mignon tonnelet de schnaps pendu à son cou ? Est-ce que le pape Jean-Paul II demandait combien avant de bénir ses ouailles gangrénées par le péché (mauvaise pioche : le vénérable souverain pontife chiait sur un trône en or massif) ?

Sa revue coquine, Boyd lui ferait bouffer – sans sauce – plutôt que d’en payer un seul numéro. Mais Tess était une femme, ils se trouvaient dans un lycée et des joueurs de carte boutonneux les avaient en ligne de mire. Autant de raisons de ravaler sa colère et se montrer diplomate.
Elle ne prenait pas cette affaire au sérieux ? Elle prenait le shérif de Blackwood pour un benêt libidineux ? Soit. Une idée lumineuse germa dans l’esprit furibard du shérif. Un plan qui puait la merde à plein nez et le mettrait en porte-à-faux de sa hiérarchie.

« Et si je commençais par vous offrir une balade à Detroit ? », lança Boyd après s’être raclé la gorge.
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MessageSujet: Re: Rage against Drugs (Tess)   Rage against Drugs (Tess) EmptyDim 7 Jan - 23:15

Les interactions sociales n'avaient jamais été le fort de Tess. Tout avait  commencé avec son incapacité totale à communiquer sans hurler avec ses parents, sans les accabler de tous les maux et partir en claquant la porte, tout leur disant cordialement d'aller se faire foutre. Depuis son enfance, elle n'arrivait pas à avoir des discussions simples et normales avec ses semblables. Au début, cela commençait bien, pourtant. En général. Elle parvenait à faire illusion, à jouer au grand jeu du small-talk, discipline dans laquelle les Américains étaient champions. Comment va la famille ? Que de neige aujourd'hui ! Que faites vous ce week-end? et autres conneries insipides que les ménagères de Blackwood déblatéraient à longueur de journée. Parfois, elle s'engageait là dedans, elle aussi. Mais, inévitablement, à cause de sa personnalité fantasque et borderline, elle commençait à se sentir vriller.

Pour le moment, elle écoutait les mots du shérif. "Responsabilité." "Entre vos mains." Des mots qu'elle n'appréciait guère, à l'évidence, puisqu'elle était foncièrement irresponsable et ce, depuis toujours. Néanmoins, elle parvenait toujours à faire semblant, particulièrement auprès de la hiérarchie. Deux trois battements de cils suffisaient à les entuber. Elle profitait de leur candeur.

Puis, son interlocuteur exposa son plan d'action. Digne d'une série policière un peu cheap - ce fut la pensée de Tess à cet instant. Pendant qu'il parlait, Tess le regardait et se posait milles questions. Correspondait-il au cliché du flic qui passe ses soirées à boire après son service, hanté par des crimes commis et jamais avoués ? Le policier dopé au café, las de tout, dépressif et qui rêve d'un échappatoire ? L'homme droit, dévoué, le chevalier servant, mais qui cache quelque chose, au fond de lui ? Elle était prête à parier qu'il appartenait à la troisième catégorie. Tess avait un don pour percer les gens à jour. Rien que par ses quelques mots, elle avait bien compris qu'il était très investi dans son travail, qu'il avait été témoin de choses probablement traumatisantes et souhaitait le meilleur pour sa ville et ses concitoyens. De bonnes intentions, donc. Mais Tess trouvait cet homme était trop honnête. Il devait cacher quelque chose, comme tous les cinglés, en apparence si banals, si ordinaires, qui traînaient dans cette ville. Pour le coup, de son côté, elle annonçait la couleur.

Voilà qu'il disait vouloir des noms. Ceci fit immédiatement grimacer Tess. La voilà donc en porte-à-faux. Elle voulait aider le shérif, bien sûr, dans sa mansuétude passagère. En même temps, la relation de confiance, d'affection qu'elle avait créé avec de nombreux lycéens risquait d'en pâtir, s'ils se rendaient compte qu'elle était celle qui avait tout raconté au shérif et qu'elle les espionnait pour les piéger. En même temps, seraient-ils vraiment à même de s'en rendre compte ? C'était des ados complexés, dans la lune, en dehors des réalités, pour nombre d'entre eux.

Pendant son petit discours, Tess acquiesçait, jouant à la bonne élève. Il fallait gagner la confiance de cet homme, son approbation. Se mettre le shérif à dos n'est jamais une bonne chose. Tess en avait fait la frais, quand le père Hewitt l'avait prise en grippe, il y a plusieurs années de cela. Bref, elle n'allait pas protester. Elle allait accepter ce qu'il disait et suivre ses ordres. Suivre les ordres de quelqu'un était quelque chose qu'elle ne faisait absolument jamais, mais les circonstances l'imposaient. Sa docilité avait néanmoins des limites...

« D'accord. Je vous aiderai. J'observerai les jeunes, j'essaierai de repérer les consommateurs et les dealers. Je pense que cela pourra assez vite porter ses fruits, si je consacre une partie de mes journées à cela. »

Elle faillit rajouter "je n'ai rien de mieux à faire, de toute façon." Mais autant éviter de faire démonstration de son immense paresse, à cet instant précis. Certains mots du shérif avaient provoqué une interrogation en son fort intérieur. Il parlait de tirer les bretelles des élèves. Voilà qui lui rappelait les agissements du père Hewitt. Encore des mauvais souvenirs. Quant au "système judiciaire", cela faisait bien sûr tiquer la militante en elle, l'anarchiste de service, qui avait bien du mal à croire en la justice américaine et la trouvait trop répressive et sévère. Néanmoins, elle ne pouvait pas se lancer dans une grande harangue contre l'état américain et ses institutions. Elle en mourrait d'envie, mais une cafétéria n'était sûrement pas le meilleur lieu pour déclamer sa tirade de rebelle du dimanche. Alors Tess se ravisa et lui dit, toujours quelque peu dans la provocation:

« Et ça donne quoi, un shérif qui tire les bretelles de quelqu'un ? On a pas souvent vu ça, à Blackwood. »

Pas totalement vrai, mais elle avait envie de voir sa réaction face à une telle affirmation. En tout cas, l'expression sur son visage face à sa demande de compensation financière valait de l'or. Avait-elle choqué le shérif ? Si c'était le cas, tant mieux. Elle adorait prendre les gens au dépourvu. S'il était amené à la fréquenter dans le cadre de l'enquête par la suite, il allait falloir qu'il s'habitue à ses coups d'éclats et à sa provocation permanente. Elle se ferait un malin plaisir de l'énerver ou de l'étonner. Justement, à le regarder, bouche-bée face à cette demande relativement osée et sans gêne, l'énervement et l'étonnement pouvaient se lire dans ses yeux. Tess n'était nullement gênée par la réaction de son interlocuteur et se contentait de sourire, avec une innocence feinte. Pauvre petit flic choqué, qui va aller pleurer dans les jupons de sa maman. Elle est méchante, la Tess Marini.

Bref, elle riait intérieurement, face à sa réaction. Mais elle ne s'attendait pas du tout à ce qu'il lui propose une excursion à DETROIT ?
DETROIT?
EXCUSE ME?
WHAT THE HELL
IS THAT FUCKER SERIOUS?
Là, quelque chose disjoncta dans son cerveau. Pas la première fois qu'il disjonctait, d'ailleurs. Beaucoup trop de circuits à réparer, là-dedans. Bref, Tess ne comprenait absolument pas cette proposition et ce que cela avait à voir avec ce dont ils parlaient. Pensait-il qu'elle avait le temps de se barrer à exactement trois cent soixante douze miles de Blackwood, soit sept heures de voiture, pour faire du tourisme avec lui ? Bien sûr, elle avait le temps. Ses week-ends consistaient principalement en du comatage suite à ses nombreuses cuites, à du binge eating devant des émissions télé incroyablement mauvaises et à appeler des gens au hasard dans l'annuaire, en leur faisant croire qu'ils avaient été choisis pour aller rendre visite à Reagan et partir en virée shopping avec Nancy, sa femme.

Elle avait déjà été à Detroit, pour une manifestation. Mais ne rêvait pas particulièrement d'y retourner, surtout en la présence d'un quasi inconnu avec qui elle ne manquerait pas de se friter. Alors, elle regarda le shérif, particulièrement surprise. Aussi bouche-bée qu'il avait été précédemment, l'énervement en moins.

« Vous voulez faire quoi, là-bas ? Guide touristique ? Ce n'est pas fameux Detroit, quand même. Je préférerais aller à New York ou à Chicago, moi. Mais bon, si vous m'invitez, je ne peux pas refuser. »

La perspective de se balader dans une voiture de police ne lui déplaisait pas. Il faudrait juste qu'elle se calme un peu, d'ici là. Vu comment c'était parti, elle se disait qu'une virée à Detroit en sa compagnie ne serait pas sans accrocs..
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Occupation : Shérif parachuté en sept. 1984, après le décès du patriarche Hewitt. Ex-officier de police à Detroit, sensible aux affaires de racisme et de drogue.
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MessageSujet: Re: Rage against Drugs (Tess)   Rage against Drugs (Tess) EmptyMar 9 Jan - 21:48

Boyd avait obtenu ce qu’il était venu chercher : une alliée dans la lutte contre le trafic de drogues à Blackwood High. Sauf si la surveillante se jouait de lui, ou changeait d’avis comme de coiffure. Quoi qu’il en soit, le shérif serait bientôt fixé puisque la jeune femme excentrique semblait optimiste sur la rapidité des résultats. Peu cérébral, l’enquêteur ne se remuait pas encore les méninges sur le thème « je vais lui pourrir la vie de telle ou telle façon si elle s’est foutue de ma gueule ».
Par ailleurs, s’il comptait beaucoup sur une personne proche des lycéens comme Tess Marini, il n’avait pas tout misé sur une seule jument.
Les flics préféraient jouer un quinté dans le désordre plutôt qu’un cheval gagnant. Car on n’empochait jamais le jackpot dans la police. C’était toujours le grand boss qui raflait la gloire, le derrière confortablement étalé sur un fauteuil taille large. Quant aux besogneux qui risquaient leur peau sur le terrain, ils pouvaient espérer au mieux quelques points d’avancement. Du moins, ça fonctionnait ainsi à Detroit. Ici, le modeste shérif faisait office de « boss » malgré son statut de gardien du troupeau assujetti à la police d’État. Une subtilité que la majeure partie de la population ignorait.

Boy pensait ce chapitre clos quand la jeune femme l’interrogea sur sa façon de « tirer les bretelles ». Drôle de question, sachant qu’il avait tout de suite évoqué l’emploi de la menace, notamment d’emprisonnement, comme action préventive. Question néanmoins pertinente, puisque le policier n’était pas du genre à se limiter au blabla qu’il savait vain avec certaines personnes – jeunes ou moins jeunes.

« Eh bien, c’est comme si je vous demandais : qu’est-ce que ça donne, une surveillante qui sanctionne un élève ? Ça peut être lui servir un sermon de paroisse ou lui gueuler dessus, le traîner par le lobe d’une oreille jusqu’à une salle de classe, lui imposer une heure sup’ au bahut après les cours, demander une exclusion définitive…
Bref, ça dépend toujours de qui on tire les bretelles. Et pourquoi.
»

Le shérif pouvait difficilement se montrer plus précis, car il fonctionnait au feeling. Mais comme la plupart des flics, il suivait certaines habitudes et se conformait à certains principes de façon inconsciente.
Ainsi, il n’était ni le premier ni le dernier à user de violence, tant verbale que physique. Toutefois, jamais il ne brusquerait une fille sans raison majeure (comme l’empêcher de planter un pic à glace dans le dos d’un amant infidèle). Ce comportement ne devait rien à une réflexion philosophique sur la place de la femme dans nos sociétés (il ne pouvait espérer mieux qu’un piètre E à une dissertation sur ce thème). Le fils Desmond avait simplement été éduqué de cette manière, sans jamais remettre en cause cette règle tacite au moins aussi civilisée que ne pas péter bruyamment à table. Tout comme on lui avait enseigné le résultat d’une bonne rouste sur un mâle récalcitrant (ça rendait plus coopératif).

Puis vint l’épineux problème (du paiement de la dame) d’extorsion de la pétasse. Un mur de ronces dans lequel Boyd avait plongé couilles les premières en tenue d’Adam. Le temps que Tess réponde à sa proposition sur un voyage à Detroit, les picotements qu’il avait ressentis en ouvrant (trop vite) sa gueule s’étaient mués en brûlures épouvantables sur l’ensemble du corps. Le pauvre en suait, comme un gamin d’école primaire qui réalise sa connerie après avoir traité sa prof de grosse truie – devant toute la classe.
La partie raisonnante du shérif, toujours un déclic en retard à l’image les photographes ratés, lui soufflait de se raviser au moment où la vipère accepta son offre.
Et pas n’importe comment.
Tess insinuait que sa ville était naze. Detroit, pas fameux ? Il n’en fallait pas plus pour que l’éclair de lucidité qui avait traversé l’esprit de Boyd s’évanouisse dans un tourbillon de rage. Detroit avait ses défauts, beaucoup de défauts, et le citadin en aurait reconnu quelques-uns au cours d’une banale conversation (pour certains aspects négatifs, les natifs font toujours preuve d’une mauvaise foi justifiée par le droit constitutionnel aux « divergences de points de vue »). Mais là, cette sale conne qui n’avait sûrement jamais traîné ses pieds plats hors de Blackwood (sauf pour dévaliser des boutiques de maquillage, à en juger par sa gueule de geisha colorée) le poussait à bout.

« Très bien ! Samedi, 6h tapante devant chez vous. On sera rentrés bien avant minuit. », beugla-t-il en abattant un poing sur la table, tel un commissaire-priseur validant la vente de sa meilleure relique hors de prix avec le marteau de sa profession.

Les jeunes joueurs de cartes avaient sans doute entendu, d’autant que le shérif s’était aussitôt levé de sa chaise comme un diable sortant de sa boîte. Boyd n’en avait rien à foutre, d’autant que cette invitation n’avait aucun lien apparent avec l’enquête.
Ni avec une invitation galante. Les lycéens pouvaient s’enfiler leur pouffe peinturlurée à leur guise, le shérif ne fricotait pas avec ce genre d’énergumène (en réalité avec personne, depuis la maladie de sa femme).
Le trajet s’annonçait interminable, à moins que…
« Vous pourrez dormir dans la voiture. », s’empressa d’ajouter Boyd. Au moins, il pourrait rouler tranquille pépère toute la matinée. Avec délectation, il songea un instant récupérer un de ces tranquillisants que la police utilisait occasionnellement pour neutraliser des animaux. Mais il n’avait aucune idée du dosage ou des effets sur une femme, et serait dans la merde si sa passagère restait dans les vapes comme une toxico sous héroïne. Ou pire, si elle sombrait dans un sommeil éternel (et il ne fallait pas compter sur lui pour jouer le Prince charmant de la Belle au bois dormant).

Il restait un dernier détail à régler. Si Boyd évita de préciser l’objet de leur escapade (franchement, est-ce qu’il avait une tronche de guide touristique ?), il lui fallait néanmoins prendre un minimum de précautions.
« Par contre, il faudrait que vous soyez moins… » Boyd se passa la main devant le visage, s’attardant un peu plus au niveau des yeux. Le mot qui suivit lui arracha la gueule, car il n’était pas d’humeur à lui lancer un compliment, aussi vrai soit-il. « …jolie. Des vêtements plus… banals aussi, si c’est possible. Croyez-moi, il vaudra mieux passer inaperçu. »

Le shérif saisit son gobelet de café refroidi et avala son contenu insipide d’une traite. Vorace comme une charognarde, son interlocutrice serait tout à fait capable de le vider goulument après son départ. Un plaisir hypothétique qu’il ne lui accorderait pas, quitte à attraper la chiasse quand ce breuvage immonde coulerait le long de son système digestif.
Vindicatif, il glissa sa chaise sous leur table, traînant lentement les quatre pieds sur le sol afin que tout le monde profite du délicieux raclement.

L’énervement et l’absence de sa femme faisaient remonter chez Boyd des comportements infantiles qu’il regretterait une fois revenu au calme. À son grand dam, le sale gosse bagarreur et turbulent faisait toujours partie de lui. Tapi dans l’ombre depuis des années, il patientait à l’intérieur de lui comme une murène guettant une proie à l’abri de sa cavité rocheuse.
En observant Tess et Boyd, des fadas du paranormal jugeraient que l’établissement scolaire de Blackwood exerce une influence régressive sur les adultes, se gaussant de les replonger dans les comportements puérils de leurs jeunes années. Un peu comme la célèbre maison d’Amityville dans un registre plus sanglant.

« J’avais promis que notre entretien ne serait pas long, mademoiselle Martini (cette vanne de cour de récré lui brûlait les lèvres). Je vous remercie pour votre temps et vous laisse à votre travail. » Le policier appuya sur le dernier mot avec connivence. On était jeudi et il ne s’attendait pas à obtenir des informations croustillantes lors de leur prochaine rencontre à peine deux jours plus tard. Mais ce rappel sonnait comme une victoire sur la jeune femme dont il avait obtenu la coopération. Mieux qu’une victoire : une revanche.

Boyd quitta la cafeteria avec une démarche déterminée et une gueule renfrognée des mauvais jours, jetant son gobelet vide dans une poubelle sans un regard pour les jeunes morveux – sur lesquels il risquait de lâcher une remarque désobligeante. Cette attitude imprévue jouait pourtant en sa faveur : le shérif ne donnait absolument pas l’impression d’avoir eu une conversation fructueuse avec la surveillante.

Deux minutes plus tard, tandis qu’il se calmait en regagnant sa voiture (ou échappait à l’influence délétère du lycée), Boyd réalisa qu’il avait réagi comme un gros con à la fin de cette rencontre pourtant bien partie.
« L’important, c’est de sauver les jeunes. », se dit-il néanmoins pour se rassurer.
Après tout, le nouveau shérif n’avait aucune intention de rester à Blackwood plus longtemps que nécessaire. Il retournerait dans sa ville natale dès que l’affaire liée à sa bavure serait retombée.
En attendant, ses supérieurs lui avaient intimé l’ordre de rester loin de Detroit.
Une injonction verbale qu’il allait bientôt transgresser pour une banale dispute avec une surveillante de lycée.

« Mais quel con, quel con, quel con… », répétait Boyd en se martelant le front contre le volant de son 4x4. Cette virée le confrontait à d’autres problèmes que la police de Detroit. Des problèmes plus difficiles à gérer pour le jeune veuf.
Il pouvait toujours courir rejoindre Tess et improviser une excuse pour annuler, mais l’image de sa défunte épouse s’invita dans son esprit avec une de ces phrases magiques qui le remettaient toujours d’aplomb : « Un bon flic doit savoir écouter son instinct. »
Boyd tourna la clé de contact et alluma le moteur.
Pour commencer, il fallait passer un coup de fil à Abigail. Puis au secrétariat du lycée, pour obtenir l’adresse de Tess Marini – qu’il avait évidemment omis de demander.
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