walking in the street. w/lou

blackwood, west side, arcade games
10 pm


La pièce était emplie du caractéristique « bip bip » émanant des bornes, ainsi que celui des joysticks maltraités. Le garçon adorait l’ambiance qui se dégageait de l’endroit ; une salle où il faisait bon vivre, fréquentée par des jeunes en tête d’une place en tête du classement de tel ou tel jeu. Quand il était plus jeune, c’était avec sa grande-sœur qu’il venait le plus souvent. Elle le laissait dépenser tout son argent de poche pendant qu’elle allait draguer les garçons. Puis, quand il n’avait plus une seule pièce dans ses poches trop grandes, il revenait vers elle, bredouille. Parfois, il arrivait qu’elle lui offre une part de son dû, afin d’être tranquille quelques minutes de plus.

Seulement, depuis la rentrée scolaire, Loan n’avait plus vraiment l’occasion de se rendre à la salle d’arcade. Leah était entrée à l’université de Durand et, même si elle regagnait le domicile familial tous les soirs, elle croulait sous le travail. Alors, la plupart du temps, elle s’enfermait dans sa chambre et il ne la voyait que durant les repas. Et en attendant, il s’ennuyait ferme le gosse.

Comme maman Baker lui interdisait formellement de sortir seul, le soir qui plus est, il lui fallait trouver un accompagnateur. Lou s’était avéré être l’ami idéal, et il avait d’ailleurs accepté qu’ils s’y rendent tous les deux. Le voisin étant néanmoins une fréquentation à éviter comme la peste selon la mère de famille, il lui avait affirmé qu’il se déplaçait avec l'une de ses voisines. Comme elle n’habitait vraiment pas loin, elle avait donné son autorisation pour qu’il fasse un tour à la salle d’arcade, sachant qu’il ne rentrerait ainsi pas seul.

Sauf qu’il avait déjà dépassé l’heure du couvre-feu imposé par la génitrice d’une demi-heure. Redoutant la longue morale qu’il allait subir à son retour, il trépignait d’impatience, planté aux côtés de son ami. Celui-ci était bien trop occupé à tenter de battre un nouveau record pour faire attention à ses supplications. « Lou… faut y aller… il fait déjà noir dehors et il n’y a presque plus personne… » gémit-il en jetant un regard angoissé vers l’extérieur.

Le marmot détestait se promener dans les rues, de nuit. Il avait alors une frousse insoutenable et était bien trop attentif au moindre froissement des feuilles sur la route. Et chaque visage qu’il croisait alors lui apparaissait comme suspect et menaçant.

« Ma mère va me tuer, tu sais bien. Et j’aurai même plus le droit de venir ici… »

Hors de question qu’il quitte le lieu seul. Il lui fallait attendre le gamin, et ce dernier devait s’en douter. Il était totalement dépendant de lui sur le coup, et il ne supportait pas ça. «  Bon tant pis, j’y vais ! » s’exclama-t-il en faisant mine de s’éloigner.

Loan marcha ainsi jusqu’à l’entrée du bâtiment, ralentissant son allure au fur et à mesure que l’échéance approchait. Lorsqu’il atteignit les grandes portes, il faisait presque du sur-place. Alors il revint vers le bouclé, soupirant significativement. Il ne pouvait décemment pas partir sans lui.