Depuis quand vivez-vous à Blackwood ? Si vous y vivez depuis toujours, avez-vous déjà quitté la ville ?12 juin 1974. Date de la mort de sa mère. Depuis ça, Noah s’est fait balancer de foyers en foyers. C’est là qu’il a franchi pour la première fois les limites de la ville. Blackwood, quel ennui, quelle morosité, quel enfer. Sauf qu’il n’a jamais réussi à partir. Plus l’envie. Plus la force. Pendant des années il a cherché à comprendre ce qui s’était passé : sans réponse. Ça l’a vidé. Il a fini par se dire qu’il pourrirait ici.
Que pensez-vous de votre vie ici ?Médiocre. Sans Intérêt. Noah, la seule chose qui le fait frémir c’est la musique. C’est certainement la seule chose qui l’empêche de sombrer un peu plus profondément. Sans ça il aurait mal tourné. Noah il boit pas, ne se drogue pas. Sauf à la musique. C’est ce qui l’aide à tenir dans ce bled paumé.
Quelle est votre place dans la communauté de Blackwood ?Noah a longtemps refusé de faire partie de cette pseudo-communauté. Ils ne lui ont jamais tendu la main quand il était au plus bas. Sauf qu’il a eu besoin d’argent. A ses 18 ans, il a dû quitter le dernier foyer dans lequel il avait été envoyé. Autant vous dire qu’à la minute où il a atteint la majorité, sa famille d’accueil lui a gentiment présenté la porte de sortie. Pas le temps de se relever. Rien. Il a fallu qu’il demande de l’aide. On lui offert quelques petits boulots par-ci par-là, seulement de quoi acheter de quoi manger évidemment. Le petit studio qu’il louait pour une misère lui suffisait largement et de toute manière c’était la seule chose qu’il était en capacité de se payer. Puis le destin. Le jour de ses 21 ans, Noah a reçu un appel. Un oncle dont il ignorait totalement l’existence venait d’emménager à Blackwood. Le frère de son père biologique. Quel timing.
Quelle est ou quelle était votre réputation au lycée ?Noah a intégré le lycée un an plus tard que les autres. Il a vite était catégorisé comme le fou courant à la poursuite de sa mère décédée. Les adolescents sont cruels et cette première année au lycée a été un véritable calvaire pour Noah. Il évitait les gens autant qu’eux l’évitaient. Il n’avait pas besoin d’eux, d’amis. Il se suffisait à lui-même. Très vite, il a arrêté de venir en cours. Perte de temps. Les quelques personnes qui s’intéressaient à lui ont fini par le laisser tranquille. Ils l’ont laissé seul, comme il l’était à la base. Noah tentait de combler un vide immense et il y est en parti parvenu grâce à la musique.
Croyez-vous en l'existence d'événements paranormaux ? Si oui, en avez-vous déjà fait l'expérience ?Noah. Il a fini par se persuader que la mort de sa mère n’était pas un accident. Il a longtemps cherché à comprendre le pourquoi du comment. Il restait des heures entières à la bibliothèque pour comprendre quelle force plus grande que lui avait pu lui retirer sa mère. Insoutenable. Inconcevable. Cette chose devait payer. Quel qu’elle soit. Un soir, alors qu’il rentrait du lycée, il a fait un détour par cette usine abandonnée à l’angle de la 3ème et de la 5ème avenue. Un gosse de sa classe lui avait expliqué qu’il trouverait ses réponses là-bas. Noah cherchait la présence de sa mère. Noah cherchait à quoi se raccrocher. Il aurait tout fait. Il l’a trouvé là, par terre, inerte : un cerf. Certainement une mauvaise blague faite par des petits cons s’amusant impunément de la folie qui habitait Noah. Pour Noah, c’était le signe que sa mère n’était pas décédée de cause naturelle et que quelqu'un l'avait tuée, comme cet animal.
Avez-vous un rêve ou un cauchemar récurrent ?Il rêve Noah. Souvent. Il rêve qu’il se barre de cette ville. Il rêve surtout que sa mère est vivante. Ça fait 10 ans maintenant qu’elle est morte et pourtant son absence lui pèse comme au premier jour. Il a mûri Noah mais certainement pas assez pour se dire qu’il est vulnérable seul, qu'il doit s'ouvrir aux autres. Il veut pas avancer. Avancer ça voudrait dire abandonner et ça Noah, il sait pas ce que c’est.
Quel est le dernier rêve que vous avez fait ?10 ans en arrière. Les flics frappent à la porte de chez Noah. Il est tout seul chez lui parce que sa mère est partie travaillée. Noah ne sait pas trop ce qu’elle fait comme métier. Elle part le soir et revient tôt le matin. Il n’a jamais posé de question. Il aurait peut-être dû. C’est le rêve qui l’habite chaque nuit. Il ouvre la porte. Derrière les policiers, sa voisine, Mme Haussman. Elle te faisait plein de gâteaux quand t’étais plus jeune. Noah l’aime bien. Elle arbore un air sévère. Tout de suite il comprend Noah. Il réagit pas. Elle lui a toujours dit que fallait être fort. Alors interdiction de pleurer. Noah refait ce cauchemar encore et encore. Il aurait dû pleurer ce jour. Il aurait dû faire tellement de choses.
✩ Under a sky full of stars.Dring… dring…. Dring… dring. Noah a laissé quatre tonalités avant de répondre au téléphone. Personne ne l’appelle jamais, Noah. Ce fixe lui sert à rien en général. Ça l’a rendu curieux. «
Oui ? » a-t-il fini par lancer. «
Noah ?» «
Je peux savoir à qui j’ai à faire ? » Noah n’est pas très causant en général, et encore moins avec les inconnus. «
Oui, bien sûr. Heureux d’entendre ta voix. Eh…Je suis ton oncle. » C’est comme ça qu’il l’a dit. Noah s’en souvient très bien. Absurdité. «
Très bonne blague. » Puis il a raccroché. Sa mère n’avait pas de famille. Il l’aurait su. Il a déposé le fixe et s’est emparé de sa guitare pour jouer quelques accords. Ça le calme en général. Des blagues comme celles-ci il en avait été la victime des milliers de fois à la mort de sa mère. Les autres élèves du lycée l’appelaient pour se faire passer pour son fantôme. Ils le croyaient fou et en jouaient constamment.
Dring… dring… dring… dring…. Dring…. Dring. «
Lâchez l’affaire bordel ! » «
Noah attend ! » «
Comment vous connaissez mon nom ? » Son ton est glacial. C’est sa manière de se protéger. Depuis tout petit. «
Tu ne vas certainement pas comprendre… Je suis le frère de… ton père. » ça l’a fait rire Noah. Un autre fantôme qui s’emparait de ses pensées. «
Je sais que tu ne comprends mais… rencontres-moi à 18 heures au butternut parc, tu auras tes réponses… » Noah a raccroché mais bizarrement il y est allé.
Noah vit chez son oncle depuis 6 ans maintenant. Il ne sait pas vraiment pourquoi ce dernier a décidé de le chercher. Ce jour où ils se sont rencontrés au parc, il a pas vraiment posé de question. Il s'est accroché au fait qu'il avait finalement de la famille. Il ne sait pas qu’en fait c’est son père. Il ne comprendrait pas. 18 ans d’absence. Ce serait dur à oublier. Trop dur.
Il ne parle jamais de sa mère. C’est sa manière de la garder pour lui. Il a l’impression que de mettre des mots sur sa disparition ça ferait que l’éloigner de lui encore un peu plus. Donc il se tait. Il va la voir tous les jeudi soir. Son oncle ne lui demande jamais où il s’en va tard le soir. Il n’a pas la légitimité pour. Il se sent généralement plus léger après.
Noah n’a jamais oublié de venir voir sa mère. Sauf une fois. Il s’apprêtait à partir. Il avait son sac sur le dos et les écouteurs sur les oreilles prêt à affronter la nuit.
I heard a knock upon my door the other day, I opened it to find death staring in my face, The feel of mortal stalking still reverberates, Everywhere I go I drag this coffin just in case Cette voix. Il ne l’avait jamais entendu auparavant. Elle venait de l’étage. Noah a grimpé quatre à quatre et les escaliers et a suivi la source. Son oncle. «
Tu sais chanter toi ? » a-t-il pouffé en prenant son oncle sur le fait. «
T’étais pas parti? » lui a-t-il répondu en souriant en coin. Noah ne savait pas. Il aurait peut-être dû se douter de quelque chose. C’était de là que venait son talent pour la musique. Il a choisi de faire abstraction. Il a joué et leurs voix se sont épousées à la perfection. C’est certainement la première fois que Noah s’est senti moins seul.
Il n’a pas vraiment de boulot Noah. Il joue par-ci par-là pour gagner sa vie. Piano. Guitare. Même violon. Il sait tout faire Noah. Il a tout appris tout seul. Les notes remplacent les mots qu’il n’arrive pas à extraire de son subconscient. Quand il joue, c’est son cœur qui se libère. Personne ne comprend. Personne n’a jamais essayé. Son oncle lui permet de vivre et son talent de survivre.
Aucun diplôme en poche. Il a pas voulu finir le lycée. A quoi bon ? Tout ce qu’il veut c’est jouer. Sa mère a jamais fait d’étude de toute façon. Son oncle a tenté plusieurs fois de le pousser. Il voulait tout lui payer. Si Noah connaissait sa vraie identité ça le ferait certainement bien rire.
Il veut toujours savoir ce qui est arrivé à sa mère. Sauf qu’il cherche moins. 5 années à chercher des réponses. Si jeune. Ça bousille.
Il sait écouter Noah. Il est attentif à chaque détail. Seulement il est seul. Très seul.
✩ Falling masks.PSEUDO/PRÉNOM › Léa
PRÉSENTATION PERSONNELLE › demoiselle qui adore écrire depuis des années. s'est remise aux rpgs récemment et est avide d'écrire de nouvelles histoires ici.
FRÉQUENCE DE CONNEXION › très fréquemment
AVATAR › francisco lachowski (mon dieu vivant)
COMMENT AVEZ-VOUS CONNU LE FORUM ? › naya.
MOT DE LA FIN › hâte de découvrir blackwood
.